Blackface Babylone
Hip, comédien « blackface » trop défoncé à l’opium pour monter sur scène, cède sa place à Hop, un « vrai » Noir pas maquillé. Or l’existence de cette troupe de joyeux rhéteurs tient dans ce commandement divin insoluble : pour survivre, il leur faudra être plus de 9 mais moins de 10 ! Latente colère divine, irruption du vaudou, chaque comédien va être l’objet d’une transformation radicale…
Oui, mieux vaut lire le sous-titre pour s’assurer de comprendre un peu l’univers de Thomas Gosselin. Il s’agit bien d’une comédie musicale aux couleurs enjouées, à la croisée de la philo, des maths, du théâtre, baigné par la magie et la cocaïne qui retourne le cerveau. C’est d’ailleurs l’impression : Thomas Gosselin semble parti dans un trip halluciné, jazzy ou rock, où chaque instant, chaque geste ou posture est prétexte à une tirade philosophico-absurde en apparence sans queue ni tête, qui raconte tout et rien à la fois. Culture, drogue, religion, mort, art du travestissement, Blackface Babylone part en quête des origines (voir l’amusante introduction sur Babel) à partir de « héros » éclatés et d’identités multiples, histoire de retrouver l’unité fondatrice. Sans trop y croire toutefois. On retrouve les mêmes questionnements que dans Sept milliards de chasseurs-cueilleurs. Qui est l’être humain ? Où va-t-il ? Un individu qui pense avant tout, sans trouver les réponses…
Toujours troublant par sa faculté à déplacer les frontières narratives, Thomas Gosselin interpelle, surprend, déroute et interroge. Lumineuse, barbante, jouissive, éreintante, sa BD fait passer par tous les états, de l’euphorie à la descente pour un résultat vertigineux et radical. Un peu trop parfois, à tel point que la bulle reste opaque. Qu’importe, tenter l’expérience de ce maëlstrom sous drogue, c’est s’assurer un voyage hors du temps. Et ça fait du bien !
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