Blacksad #5
Jeune écrivain au succès aussi bref qu’inespéré, Chad Lowell file un mauvais coton depuis les ventes de son best-seller. Les tensions sont d’ailleurs croissantes avec son ami poète Abe Greenberg… Ailleurs, Blacksad est en quête d’un job. Par chance, il croise la route d’un riche texan prêt à lui confier une mission : ramener sa voiture chez lui. Le détective félin accepte sans hésiter. Mais, peu après, dans une station-service, il se fait voler la décapotable par deux hommes. Le début d’une piégeuse course-poursuite…
Pour les fans, la sortie d’un nouvel album de Blacksad est toujours un petit événement. Ce cinquième épisode, toutefois, moins complexe et plus convenu, déçoit un peu. Bye-bye la Nouvelle-Orléans, voici la mythique route 66, direction Amarillo. Dans un road-movie linéaire, John Blacksad subit d’abord une histoire qui le dépasse, avant, comme à son habitude, de retomber sur ses pattes. En cause surtout, la faiblesse du scénario, cédant à trop de facilité et bien trop fluide pour être convaincant. Les scènes sont expédiées à l’instar des personnages, effleurés et brossés à grands traits, à l’exception de Chad Lowell, l’écrivain maudit. Certes, Canales parvient aisément à relier les fils et trajectoires de ses nombreux personnages, fourbes ou écorchés vifs, mais au prix d’un manque de profondeur. Gageons que le format de 56 pages y est pour beaucoup. Heureusement, la partie graphique, même moins précise que dans les tomes précédents, reste toujours aussi puissante et virtuose. On se délecte de l’époustouflante expressivité des gueules, tandis que cadrages et niveaux de détails viennent donner aux personnages l’intensité que ne leur confère pas l’écriture. Baignée d’une douce lumière jaune, l’ambiance suinte les années 50 et facilite l’immersion. Pas désagréable mais bancal, privé aussi d’un petit supplément d’âme, cet album nourrit un peu la frustration. Blacksad s’essoufflerait-il ?
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