Blade Runner 2019 #1
Présenté comme la « première suite officielle » de Blade Runner, on n’a pas très bien compris si ce BR 2019 en comics l’était par la chronologie de son histoire (mais il semblerait que celle-ci se situe avant le film de Ridley Scott) ou par l’antériorité de la validation du projet sur le film de Denis Villeneuve, BR2049… Pas clair mais peu importe, il s’agit bien d’une série inscrite dans le même univers et la même continuité et c’est là l’essentiel. Car on a plaisir à en retrouver les éléments constitutifs : anticipation en mode néo-noir, urbanisme agressif éclairé au néon, androïdes réduits à la clandestinité nommés réplicants et flics chargés de les pister, les fameux blade runners…
Sur cette trame obligatoire, les scénaristes Mike Johnson et Michael Green brodent une intrigue solide à base de disparition d’enfant sur laquelle enquête l’inspecteur Ash. Une homologue du Deckard joué par Harrison Ford, parfaite figure hardboiled en imper à la Philip Marlowe. Le personnage ne manque pas d’aspérités et humanise par sa voix-off bien sentie un premier tome aussi froid que les dessins de Andres Guinaldo. Le trait soigné du dessinateur espagnol n’est pas en cause, mais peut-être fallait-il un peu plus de démesure dans les compositions et dans la mise en couleurs, signée Marco Lesko, pour se confronter à un tel monument esthétique.
Pas facile de passer après la direction artistique de Ridley Scott et de sa dream team de l’époque. Mais Denis Villeneuve et son directeur de la photo Roger Deakins ont, eux, relevé le challenge avec panache au cinéma dans BR 2049. Le légendaire designer Syd Mead avait, avant de mourir, accordé à l’éditeur original Titan Comics l’autorisation d’utiliser certains de ses concept arts pour référence, mais aussi pour illustrer certaines couvertures lors de la parution mensuelle aux États-Unis : ils sont là en annexe et la comparaison est cruelle avec le rendu de cet album trop terne pour porter suffisamment haut son héritage.
Moins proche finalement du matériau de référence, ce BR 2019 en BD s’hybride davantage auprès d’œuvres qui se sont elles-mêmes inspirées du film matriciel de Ridley Scott telles que Ghost in the Shell, Altered Carbon ou les jeux vidéo Deus Ex. Cela n’en fait pas une mauvaise série, bien au contraire, simplement une excroissance un rien mineure d’un film majeur.
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