Pour adapter en BD un monument aussi intouchable que Blade Runner en BD, l’éditeur britannique Titan Comics s’en était, au lancement de sa série estampillée 2019, plutôt bien sorti. Bonne idée que de laisser les coudées franches aux scénaristes Mike Johnson et Michael Green pour écrire leur propre histoire, sans lien direct avec celle de Deckard, le héros de la nouvelle de Philip K. Dick et du film de Ridley Scott. Leur personnage Ash, blade runner sur la piste de la jeune Cleo dans l’univers cyberpunk noir de la franchise, suit sa propre route. Laquelle l’a menée à vivre dans la clandestinité aux côtés de l’enfant qu’elle avait promis de retrouver et ramener à ses parents. Jusqu’à ce que le sort la sépare de sa protégée et contraigne Ash à renfiler l’imper de traqueuse de réplicants.

L’intrigue policière demeure solide et permet aux auteurs de creuser leur environnement futuriste avec ses réplicants guerilleros, ses trafiquants d’améliorations corporelles et ses méga-corporations toutes puissantes. Bref tout ce qu’on attend d’une série estampillée Blade Runner et… guère plus. Plus encore que le tome 1, cette suite colle à son programme sans chercher à surprendre. On continuera de regretter une mise en couleurs toujours aussi désespérément tiède qui ne rend pas service au dessin d’Andres Guinaldo. Respectable dans ses intentions mais sans doute trop respectueux du matériau d’origine, le projet échoue une fois de plus à se hisser au niveau des standards esthétiques posés jusqu’ici par la franchise. Si les robots chez K. Dick ont bien une âme, il se confirme que ce Blade Runner 2019 en manque cruellement.