Blancaflor
Pas facile d’être la fille d’un ogre quand on rêve d’un peu d’indépendance… Mais Blancaflor possède des pouvoirs extraordinaires, dont elle use à loisir pour se distraire. Et quand débarque un beau prince, sacrément naïf, pensant déjouer les pièges de l’ogre, Blancaflor décide de se rebeller contre la violence paternelle et d’aider le jouvenceau dans sa quête. Même si le bellâtre se révèle finalement assez misogyne…
Nadja Spigelmann, fille de Art, propose ici une délicieuse relecture d’un conte traditionnel sud-américain, qui trouve écho de notre côté de l’Atlantique dans les histoires de la Baba Yaga par exemple. Mais sa bonne intuition est de lui donner une patine de modernité, en insufflant un discours résolument féministe dans les différentes péripéties qui rythment l’aventure. Ainsi, Blancaflor s’élèvera contre la carcan familial incarné par son terrible géniteur et devra invoquer une puissante magie pour faire comprendre à son benêt de prince que la chance et la position sociale ne sont rien dans sa réussite : seules l’initiative et l’intelligence de Blancaflor feront la différence. L’autre grande réussite de l’album est son graphisme : le dessinateur Sergio García Sánchez joue avec le format de la planche avec une énergie rare, use des cases comme d’éléments de décor physiques de l’histoire, s’amuse avec la verticalité ou l’horizontalité des découpages… Résultat, pas une double-page identique et une excitante expérience de lecture. Une des plus chouettes BD jeunesse de ce début d’année.
Publiez un commentaire