Par Manu Larcenet. Dargaud, 22,90 €, le 5 octobre 2012.

Avec une régularité sans faille dans la qualité (et la noirceur) de son récit, Manu Larcenet poursuit l’histoire de Polza. Ce marginal obèse, toxicomane et bien barré, est toujours interrogé par deux policiers enquêtant sur un meurtre. Meurtre qu’il reconnaît. Mais il veut que les flics comprennent qui il est, comment il en est arrivé là, et l’importance de sa recherche du « blast », cette explosion mentale et mystique source de son errance et de ses dérives. On le suit donc dans ses phases alcoolo-méditatives en forêt, sa mauvaise rencontre avec deux slaves de passage, son séjour en hôpital psychiatrique…

À partir de ce troisième tome, on s’est un peu habitué à Polza, sa folie, son regard sur le monde et les hommes. On s’est attaché aussi. Mais cela ne veut pas dire qu’on n’est plus bouleversé, renversé par la puissance de son histoire et la manière magnifiquement brutale dont Manu Larcenet la met en scène. Car il aborde des sujets en général tabous (les marginaux, les schizophrènes…), il triture la matière brute qui génère les faits divers, il fouille l’âme des tortionnaires, des violeurs, des drogués, et des gens qui les aiment. Et ce, avec la bonne distance, ni empathique, ni clinique. Son dessin au lavis, entre portraits durs et paysages apaisants, permet au lecteur de ne pas refermer le livre trop secoué, et de prendre le temps de contempler et, lui aussi, tenter de comprendre. Manu Larcenet nous expliquait à la sortie du tome 1 que Blast était sans doute sa grande oeuvre. Ce nouveau volume semble lui donner raison.

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