Blast #4
Toujours interrogé par deux enquêteurs dégoûtés et fascinés, Polza Mancini déroule le fil de ses errances qui l’ont mené chez Roland Oudinot et sa fille Carole. Où il découvre un schizophrène prisonnier de ses pulsions sexuelles, et voit en Carole la possibilité d’un amour. Avant un dernier bonheur, le blast ultime…
Avec le tome 4 de Blast, Manu Larcenet conclut son grand-œuvre en nous aspirant, une fois de plus, dans la noirceur de son sujet, histoire de comprendre enfin qui est ce marginal obèse, coupable d’un meurtre… mais jusqu’à quel point ? En proie à ses démons, l’âme humaine y flirte avec la folie, symptôme d’un mal-être viscéral. À travers Carole, Polza ou Roland, l’auteur y explore le déséquilibre mental et physique, la possibilité d’une vie en marge, mais sonde aussi le cœur des alcooliques et des drogués, la psyché des violeurs et la responsabilité des schizophrènes. Bref, il remonte à l’origine du Mal, tente au moins d’expliquer sans nécessairement justifier. La distance trouvée permet d’éviter la complaisance et de toucher la complexité de la condition humaine, sa violence, son opacité, son humanité aussi. Qui est ce Polza, cet animal civilisé ? Encore une fois, des séquences fortes, un texte fin, une mise en scène brutale, renforcée par un dessin au lavis alternant nuances de gris et noir et blanc, ponctué de collages porno-psychédéliques, assemblage de photos de magazines et de dessins au feutre. Effrayant. Et à la fin, grande force de Blast, Polza persiste à être une énigme. Un beau final pour une introspection d’une noirceur lumineuse.
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