Par Martin Veyron. Dargaud, 14,50 €, le 9 octobre 2009.

Avoir un succès de librairie, c’est bien, ça vous assure gloire et prospérité. Ce fut le cas pour Martin Veyron avec L’Amour propre, bande dessinée drôle et coquine où le personnage-auteur partait à la recherche du fameux point G. Nouvelle autofiction plus de 25 ans après, où le jeune obsédé est devenu un vieux beau à la prostate fragile. Que tout le monde bassine encore avec son grand oeuvre. Mais si la gloire est toujours là, la prospérité s’est éloignée et voilà le pauvre Martin obligé de faire profiter de sa science de la jouissance des femmes en manque de plaisir…

Si une suite au mythique Amour propre semblait a priori une drôle d’idée, tenant plus de l’argument marketing que de la création originale, il convient de constater que cette Blessure d’amour-propre est une réussite inattendue. L’auteur joue en effet avec malice de la mise en abyme (son entourage ne cesse de lui réclamer un Amour propre 2, tout en le traitant de vieux dégueulasse) et n’a rien perdu de son auto-dérision. Il aborde même des sujets plus graves d’hommes mûrs – l’incontinence et l’impuissance – avec une distance ironique convaincante. Beaucoup moins sexuel que son illustre première partie, cet album est aussi beaucoup plus bavard, et c’est tant mieux. Car, entre plaisanteries grivoises et réparties cinglantes, ses dialogues font toujours mouche. Alors bien sûr, le dessin – malgré une excellence dans la représentation des gestes et des postures –  a pris un petit coup de vieux. Mais il faut passer outre, et constater avec un immense plaisir que Martin Veyron n’a pas perdu la main. Sans mauvais jeu de mots.

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