Bloody September **
Par Will Argunas. Casterman/KSTR, 16 €, le 6 janvier 2010.
Une jeune française paumée, actrice porno débutante. Un flic honnête mais usé, qui ne trouve pas le moyen de communiquer convenablement avec son épouse paraplégique. Et un psychopathe amateur de char fraîche, symbole de l’échec des politiques de soins des criminels sexuels. Tels sont les trois personnages clé de ce polar violent et désespéré. Mais il y a aussi un quatrième protagoniste : la ville, New York, qui compte les mois avant d’être frappée de plein fouet par les attaques terroristes du 11 septembre…
Will Argunas aime les séries télé et le cinéma américains. Il l’avait déjà démontré l’an dernier avec Black Jake, polar poisseux dans une Los Angeles le nez dans la poudre. Rebelote ici, mais sur la côté Est. L’auteur convoque à nouveau des acteurs hollywoodiens à prêter leurs traits aux personnages : James Gandolfini (Les Sopranos), Gina Gershon (Bound), Clint Eastwood dans le rôle du légiste… Il reprend même certaines images des Sopranos telles quelles… L’influence du septième art, tant graphique que narrative, est par moments judicieuse (notamment dans le découpage), par moments franchement pesante. On a ainsi parfois l’impression de lire une version dessinée d’un sordide film de serial killer, le mouvement et la musique en moins. Et une BD, ça ne doit pas être que cela. Autre sujet d’agacement : les cases copiées/collées sans véritable raison, et les dialogues parfois bien peu subtiles sur la fin du rêve américain… Au-delà de ces défauts criants, Will Argunas fait preuve d’un vrai savoir-faire dans l’organisation des séquences et dans la représentation de l’univers urbain new-yorkais. Simplement, on aimerait bien qu’il ne fasse pas du sous-cinéma.
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