Boitelle et le Café des colonies
Fin du XIXe siècle, Antoine Boitelle, soldat basé au Havre, traîne son ennui sur les quais. Ce fils de paysans rêve d’ailleurs, d’exotisme, de nouveautés. Il trouvera tout cela dans le sourire de Norène, jolie serveuse du Café des colonies, et la demandera même en mariage. Problème, Norène est noire et cela ne passe pas dans une France impérialiste et ouvertement raciste.
Publiée en 2010 par Petit à petit, cette adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant resurgit chez Bamboo, dans la collection Grand Angle. Plutôt une bonne idée, a priori, pour son intérêt historique et didactique. Car ce court récit montre sous un jour direct une population française considérant les personnes de couleur comme des bêtes sauvages, tout juste bonnes à remplir de basses besognes ou à être exhibées dans un zoo. C’est fort, juste, et nécessaire. Mais l’adaptation souffre de problèmes de mise en scène, dont les scènes fortes peinent à se défaire du texte littéraire et dont les cases censées être les plus puissantes émotionnellement usent d’artifices inutiles et donc inefficaces (par exemple, la vaisselle qui se brise dans un gros « bling! » alors qu’un silence aurait été plus éloquent). Mais ce sont certainement des erreurs de jeunesse, qu’on peut pardonner, comme certaines facilités scénaristiques, car l’album a le mérite de se poser comme un bon support pédagogique pour aborder la question du racisme et du colonialisme avec les plus jeunes. Ce qui est plus difficilement pardonnable, c’est le rendu flou des dessins sur certaines pages… Un album pas vraiment abouti au final, le sujet méritait mieux.
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