Un sans-abri amnésique est récupéré par une équipe médico-sociale dans Central Park. Il brandit dans ses mains un fémur humain, ce qui lui fait gagner le surnom de « Bone ». Sa découverte semble coïncider avec une série de meurtres de clochards new-yorkais, décapités. Bone se lance alors à la recherche de son passé, pour retrouver qui il est, mais aussi l’auteur de ces crimes sanglants.

Ce one-shot signé Roger Seiter – Le Policier qui rit – et Frédéric Pontarolo est l’adaptation en bande dessinée du roman éponyme de George Chesbro qui rencontra un franc succès. Le héros est attachant, bien que dénué de toute nuance : il emporte immédiatement l’empathie du lecteur sous ses airs romantiques, à la fois perdu, par son amnésie, et fort, dans sa volonté. Les seconds rôles sont bien soignés, donnant ainsi l’épaisseur nécessaire à l’intrigue. L’aspect « roman social » n’est pas non plus inintéressant : les scènes dans le foyer de sans-abris new-yorkais apportent une réelle plus-value, en versant intelligemment dans le documentaire social. La BD demeure hélas assez bavarde, sans doute pour retrouver la densité du roman et retranscrire l’introspection de Bone… Le trait, lui, est plutôt séduisant : l’univers est nimbé de couleurs sombres tout en privilégiant quelques tons ocres ; les contours sont diffus comme pour mieux transcrire une ambiance compacte et ouatée, choisissant par là même de tourner le dos à la frénésie urbaine comme pour mieux suivre le psyché amnésique de Bone. Les visages sont à peine esquissés : d’un côté, cela rentre dans la charte graphique d’un monde aux contours flous, d’un autre, ils perdent clairement en expressivité. Résultat, ce Bone-là constitue un thriller honnête, sans apport majeur au genre toutefois.