En 2014, Lénaïc Vilain et sa compagne, s’envolent pour un voyage en amoureux … direction Téhéran ! L’Iran vient juste d’ouvrir ses frontières au tourisme et, pour les deux tourtereaux, commence un périple qui les mènera de Téhéran à Chiraz, en passant pas Ispahan. Avec sa posture de faux naïf, l’auteur observe, s’amuse, s’étonne pendant que sa compagne se débat avec son paréo en guise de hijab ! Ouvert au tourisme ne signifie pas affluence de badauds, et malgré les joyaux de la civilisation perse, le pays, coincé entre conservatisme et ouverture, peine à attirer.

Publiant dans de nombreux magazines dont Fluide glacial, Lénaïc Vilain avait signé, en 2013, R.A.S., un album inspiré par son expérience de veilleur de nuit pendant six ans. Ici, le trait est simple, monochrome, naïf. On est dans un univers – visuel comme narratif – proche d’un Guy Delisle dans Chroniques de Jérusalem ou d’un Riad Sattouf dans L’Arabe du futur.

On s’amuse beaucoup à suivre les pérégrinations des deux amoureux. Subtile, léger, le ton goguenard de Lénaïc Vilain contrebalance la réalité iranienne trahissant les aberrations de la société : la lapidation des femmes adultères remplacée par la pendaison, des contrats de mariage délivrés pour 24 heures afin de coucher avec une prostituée, l’homosexualité interdite (en fait, elle n’existe pas en Iran) à moins qu’un des deux hommes ne devienne une femme ! Mais pour Lénaïc Vilain, les occidentaux ne sont pas plus malins dans leur vision simpliste du Moyen Orient : tout le monde en prend pour son grade.

Ainsi, point d’aventures à la James Bond dans ce Bons baisers d’Iran mais une décapante leçon de géopolitique en compagnie d’un sympathique couple.