Boxeurs & Saints
Dans la Chine de la fin du XIXe siècle, Vibiana et Petit Bao sont comme deux faces d’une même pièce, qui finiront par s’annuler. Tous deux sont les héros d’un formidable diptyque de Gene Luen Yang (American Born Chinese). La première, dont Saints raconte le parcours, est une gamine mal-aimée qui décide de devenir chrétienne. Elle change de nom, apprend les prières, et intègre une communauté. Surtout, elle a des visions d’une lumineuse jeune femme habillée en garçon, une certaine Jeanne venue d’une autre époque, qui va bouter les Anglais hors de France. C’est décidé, Vibiana fera la même chose chez elle, empêchant une armée de combattants chinois de faire abjurer ou trucider ses coreligionnaires…
En parallèle, Boxeurs narre l’épopée d’un jeune homme courageux, terriblement pauvre, témoin de l’injustice de colons britanniques. Déterminé, il va apprendre le kung-fu, s’attribuer la puissance d’un dieu cruel, et lever une véritable armée, celle des Poings de la Justice et de la Concorde. Tiraillé entre sa bonté naturelle et sa mission, celle de sauver son pays des « diables étrangers », il va rencontrer Vibiana, qu’il a déjà croisée dans la campagne il y a bien longtemps. Pourra-t-il l’épargner ?
Boxeurs & Saints est une saga déchirante, fascinante, instructive. De façon habile, Gene Luen Yang met en scène deux états d’esprit, deux partis pris historiques. L’épisode de Vibiana est dessiné dans un dégradé de marrons, illuminé par du jaune quand Jeanne d’Arc apparaît ; celui de Petit Bao est plus coloré, avec des explosions de teintes vives quand les Poings sont habités par des figures divines et mènent le combat. D’un trait simple et clair, l’auteur détaille une partie complexe de l’histoire chinoise, creusant sans les juger deux chemins opposés. S’abstenant de tout pathos, il parvient, aussi, à émouvoir.
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