Breizhskin
Trois jeunes Bretons trompent leur ennui de post-adolescence d’une bien étrange manière. Jean et bretelles, Docs coquées et lacet blancs aux pieds, crâne rasé et blouson dissimulant couteau ou matraque, voici une sinistre petite bande de skinheads. Prompt à lever le bras en saluant Hitler et à jouer les caïds, les voilà partis à la rencontre d’un dur, un vrai, un qui sort de taule. Et qui va les initier à devenir de véritables skins…
Voilà un sujet rarement abordé, en BD comme ailleurs, et donc une excellente idée. Dans un esprit pas si éloigné du chouette film This is England, du moins au départ, Dav Guedin construit ici un album puissant à partir de souvenirs d’ado et des récits d’un ancien colocataire, ex-punk un temps devenu skin. On assiste ainsi à une sorte d’examen de passage de trois grands gamins paumés et fascinés par la violence et le décorum nazi, menés par un véritable cas psychiatrique, danger public, pervers et armé.
Avec Craoman au dessin, déjà complice sur l’excellent Colo Bray-Dunes 1999, Dav Guedin propose une oeuvre déstabilisante, tantôt flippante, tantôt touchante, jamais complaisante, dans un noir et blanc punk, épais et vibrant. Un bon coup de boule dans la face du lecteur, qui assiste à des comportements déviants et des humiliations insupportables, mis en oeuvre et subis par des protagonistes faibles et/ou dangereux, loin de toute démarche politique, dans un mélange des genres inquiétant.
Encore une bonne touche du Label 619, loin de ses habituels albums de genre, mais qui perpétue le goût de la collection menée par Run pour la prise de risques et le travail léché. Bravo.
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