Britten et associé ****
Par Hannah Berry. Casterman, 24 €, le 10 juin 2009.
Il y a bien longtemps qu’on avait pas lu un si bon polar classique. Avec une enquête difficile, des secrets de famille, de la pluie, du tabac, et un détective atypique. Ici, il s’agit de Fernandez Britten, un drôle de nom sur une drôle tête, au nez proéminent, et aux yeux mornes et enfoncés dans un crâne se dégarnissant. Encore plus bizarre, celui qui s’est fait une réputation de «bourreau des cœurs» (car il apporte souvent des mauvaises nouvelles aux époux jaloux) a pour partenaire un sachet de thé nommé Stewart, avec qui il dialogue fréquemment. Vont-t-il pouvoir résoudre l’énigme de la mort d’un employé modèle retrouvé pendu?
La Britannique Hannah Berry signe là son premier album, et il faut bien dire que c’est un coup de maître. Ses cadrages et sa mise en scène sont toujours justes et habiles, ses couleurs ternes et aqueuses produisent un effet morbide puissant. Son mystère est sordide comme il faut, et ne se laisse pas déflorer avant les dernières pages.
En somme, la jeune auteure rend un hommage parfaitement maîtrisé à la fois aux romans policiers d’Agatha Christie et aux films noirs de l’âge d’or, ceux avec Bogart et Bacall, Le Grand Sommeil par exemple. Au-delà des références, elle concentre son originalité dans son personnage de détective, doué mais mal dans sa peau, solitaire et désespéré de l’être, et que tout le monde prend pour un Français. Ses voix off désabusées sont délicieuses, car ni cynique ni trop descriptives, mais avides de bons mots: «Pour un chercheur privé, la confiance c’est comme la bicyclette: il arrive qu’on ne voie pas ce qui arrive en face.» Alors, faites-moi confiance et laissez-vous surprendre par ce splendide Britten et associé.
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