Buffalo Runner
Dans le désert texan, en cette toute fin de XIXe siècle, une carriole transportant un petit commerçant et ses enfants, en route pour la prometteuse Californie, se fait attaquer par des brigands. Seule l’aînée survivra, sauvée par Edmund Fisher, fine gâchette et légende de l’Ouest, qui va conter son existence mouvementée à la jeune femme…
À l’image de la fantasy, genre que Tiburce Oger a largement exploré, le western possède ses codes et ses références indépassables, rendant l’aventure périlleuse pour tout auteur. Mais le dessinateur de Gorn ou de l’adaptation des Chevaliers d’émeraude relève le défi avec brio, lui qui avait déjà dégainé dans le Far-West avec La Piste des ombres (2000-2002, chez Vents d’Ouest). Ce one-shot narré par son héros désabusé se révèle extrêmement classique, mais dans le bon sens du terme. Bien documenté et rythmé, il plonge le lecteur au coeur des prairies américaines où des chasseurs de bisons exterminèrent des millions de bêtes en quelques années, mettant ainsi fin au mode de vie des Indiens autochtones. Intérêt politiques et stratégiques, importance du développement du chemin de fer, portraits d’entrepreneurs européens aventureux, l’itinéraire d’Ed Fisher est le prétexte à une photographie passionnante d’une période fascinante, qui utilise quelques ressorts narratifs un peu faciles mais se lit avec plaisir de bout en bout. Le dessin mouvant et pointu, et surtout la grande maîtrise des aquarelles et des ambiances, ne fait que rajouter au plaisir de l’immersion dans cet Ouest plus si sauvage. Joli coup.
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