Burroughs
William Lee est écrivain. En tout cas, il écrit. Des rapports, pour Le Contrôle. Conseillé et observé par un cafard, grand comme une bouteille de bière ou géant comme un homme, ou comme le cadavre de sa femme gisant dans sa chambre. Car oui, tout ne va pas très fort dans la vie, la tête et le corps de William. Heureusement, il y a la drogue et l’écriture.
C’est un projet collectif de revue numérique, « Projet Bill », compilant des travaux de toutes sortes pour le centenaire de la naissance de William Burroughs en 2014, qui a engendré cet album. Son initiateur, le Brésilien Joao Pinheiro, s’est prêté au jeu du collage, du cut-up cher à Burroughs, cette imbrication de différentes citations et d’éléments narratifs disparates, pour enrichir son « Interzone Game », au départ une série de strips inspirés de l’oeuvre phare de Burroughs, Le Festin Nu. On y retrouve d’ailleurs de nombreux éléments, comme la fuite perpétuelle d’un héros en crise de manque, qui ne sait plus où se situe la réalité, ni comment reprendre pied dans un monde un tant soit peu tangible. Répétitions d’images, dessins grattés, trames biscornues, lâchers d’encre, découpage erratique, Joao Pinheiro réussit à offrir un reflet graphique convaincant à la prose délirante de Burroughs, si riche d’évocation pour qui parvient à s’accrocher à ses mots violents et sa verve parano. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, Burroughs n’est donc pas une biographie du romancier américain décédé en 1997, mais bien un hommage personnel à son style et à son univers. Très intéressant pour ceux qui ont lu au moins Le Festin nu, sans doute difficile d’accès pour les néophytes. Mais c’est l’occasion de s’y pencher, non?
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