Par Oriane Lassus. Warum, 12,20 €, le 20 septembre 2012.

Estomacs sensibles, s’abstenir. Car rarement bande dessinée aura aussi bien transmis la sensation de nausée vécue sur le siège arrière d’un véhicule lancé sur une petite route de montagne. Ou l’indéboulonnable arrière-goût de vomi un matin de gueule de bois, quand il faut vider les cendriers et jeter les cadavres de bouteille avant de prendre le volant. Souvenirs d’enfance et d’adolescence s’imbriquent dans ce premier livre d’Oriane Lassus, lauréate, sous le pseudo d’Aspirine, du Prix Révélation Blog du dernier Festival d’Angoulême.

Par le biais de l’image et avec le moins de texte possible, la jeune auteure produit un récit graphique plein de sensations, de bruits familiers et de parfums bien connus : la suffocation des départs en vacances non climatisés, l’odeur puissante et indéfinissables des toilettes d’autoroutes, les gargouillis des ventres après un troisième pétard… S’affranchissant des cases et de la construction linéaire, Oriane Lassus croise deux histoires et deux temporalités, avec un trait qui tremble et se déforme, envahit la double-page pour mieux représenter les cerveaux qui bouillonnent et les groupes (famille, amis) qui s’engueulent. Et c’est très réussi, notamment dans sa façon d’englober le lecteur qui, s’il lit cet ouvrage dans le bus ou le train, aura peut-être un peu mal au coeur… Toutefois, le sujet du livre reste un peu anecdotique et le traitement simplement sensoriel. Un exercice de style parfaitement exécuté, qui promet sans aucun doute de belles choses pour l’avenir.

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