Cabu, Charb, Wolinski, Tignous… assassinés
Charb, le directeur de Charlie Hebdo, ainsi que plusieurs dessinateurs du journal satirique, dont Cabu, Tignous et Wolinski, ont été assassinés par deux ou trois hommes, au siège du journal dans le XIe arrondissement de Paris, mercredi matin, alors que se déroulait la conférence de rédaction.
Suite à la publication des caricatures de Mahomet d’abord publiées la presse danoise, Charlie Hebdo était placée sous surveillance policière, tout comme Charb, en permanence accompagné des forces de l’ordre. Les locaux du journal furent incendiés en novembre 2011, et son site web piraté, suite à la publication du numéro rebaptisé « Charia Hebdo ». Ce mercredi, l’attentat à l’arme à feu a fait douze morts, dont deux policiers, et plusieurs blessés graves. Quatre des plus importants dessinateurs du journal sont décédés.
Charb, né Stéphane Charbonnier en 1967, était directeur de Charlie Hebdo depuis mai 2009 et le départ de Philippe Val. Il était présent au journal depuis 1992. Autodidacte du dessin, il démarre dans la presse locale et des fanzines, après un BTS pub vite arrêté. Avec son style rond, jaune et immédiatement reconnaissable, son goût pour le trash et la provocation qui fait délicieusement mal, il a collaboré avec plusieurs titres de presse (Télérama, Mon quotidien, L’Humanité, Fluide Glacial, Libération…) et illustré de nombreux livres. On lui doit notamment les hilarants strips de Maurice et Patapon, J’aime pas les fumeurs, Dico Sarko ou Marcel Keuf. Un de ses derniers ouvrages en date était La Vie de Mahomet, avec Zineb.
Né en 1938, Cabu (Jean Cabut) était un des plus grands dessinateurs de presse français encore en activité. Formé à l’école Estienne, il dessine très vite pour la presse, même pendant sa mobilisation en Algérie. De retour en 1960, il rejoint le naissant Hara-Kiri, aux côtés de Bernier, Cavanna ou Fred. Deux ans plus tard, il collabore à Pilote, journal qui verra naître son personnage de doux libertaire Le Grand Duduche. Reporter dessinateur, caricaturiste reconnu, fan de jazz, antimilitariste et écolo convaincu, il illustre des livres, des articles, des pochettes de disques, et apparaît en permanence dans Le Canard Enchaîné et Charlie-Hebdo, avec un style et une acuité toujours aussi vive sur les sujets d’actualité. On l’a aussi vu à la télé, dans Récré A2 notamment dans les années 1980. Comme Charb, il avait accordé un entretien à Numa Sadoul pour son ouvrage Dessinateurs à presse.
Georges Wolinski était lui aussi une légende vivante du dessin de presse français, honoré par une exposition de la Bibliothèque nationale de France en 2012. Né à Tunis en 1934, d’une mère franco-italienne et d’un père polonais, il arrive en France à l’âge de 13 ans. Il publie ses dessins dès la fin des années 1950, et fait partie de l’aventure Hara-Kiri deux ans plus tard. Puis ce sera Charlie-Hebdo et Charlie-Mensuel, dont il assure la rédaction en chef entre 1970 et 1981. Il collabore ensuite avec Libération, Le Nouvel Observateur ou L’Humanité, et on le lisait, outre dans Charlie-Hebdo, chaque semaine dans Paris-Match et Le Journal du dimanche. Chroniqueur politique et dessinateur coquin, auteur de dizaines de livres (BD et recueils de dessin), il fut récompensé par le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2005. Et ne comptait pas s’arrêter, comme il le confiait en 2012 à Paris-Match, dans une interview croisée avec Cabu.
Né en 1957, Tignous (Bernard Verlhac) avait démarré dans L’Idiot international et La Grosse Bertha, avant d’exploser dans L’Événement du jeudi. Dessinateur prolifique pour Marianne et Charlie Hebdo notamment, il avait marqué avec Le Procès Colonna, écrit par Dominique Paganelli, relatant le procès de l’assassin du préfet Erignac (éditions 12 Bis). On lui doit aussi les épatants recueils Le Fric c’est capital et 5 ans sous Sarkozy.
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