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Café Budapest

12 avril 2016 |
SERIE
Café Budapest
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
18 €
DATE DE SORTIE
09/03/2016
EAN
8496815625
Achat :

Yechezkel, jeune violoniste juif, vit à Budapest avec sa mère. Plongés dans la misère dans le contexte d’après-guerre, ils peinent à joindre les deux bouts jusqu’au jour où oncle Yosef, désormais exilé à Jérusalem et propriétaire du Café Budapest, les invite à le rejoindre. Une occasion en or de fuir l’indigence. Seulement voilà, sa mère, miraculée du camp de Birkenau et très souffrante, refuse catégoriquement…budapest2

Pas facile d’évoquer la naissance de l’Etat d’Israël ou la genèse du conflit israélo-palestinien en BD sans éviter les détours réducteurs. A travers une histoire de famille forcément trouble, c’est pourtant le pari tenté par l’auteur espagnol Alfonso Zapico. Et remporté haut la main. Fuyant les bons sentiments, l’auteur se concentre sur un jeune juif virtuose et sa mère partis en terre sainte pour fuir un climat d’après-guerre hostile et une vie de misère. Une fois en Israël, à eux la belle vie au Café Budapest, là où est censé jouer Yechezkel pour gagner sa croûte. Mais entre la présence ambiguë britannique, le militantisme acharné des radicaux et la création de l’Etat d’Israël, Juifs et Arabes semblent irréconciliables. Début des divisions, des conflits et du désamour. Certains perdent la foi quand d’autres se radicalisent.

Alfonso Zapico dévoile par petites touches les enjeux du conflit, sonde les espoirs et les désillusions en les rattachant à la trajectoire perturbée de la famille de Yechezkel. Avec une incroyable clarté et beaucoup de fluidité malgré la précision documentaire, il évite tout didactisme lourd — sans peut-être éviter quelques raccourcis. Pas grave s’agissant d’une BD, car l’essentiel y est. Côté Histoire, tout est posé de façon limpide et éclairera le curieux peu au fait de la situation en 1947 en Palestine. Côté fiction, le récit des personnages – entre passage à l’âge adulte, vie difficile en Palestine et souvenirs terribles — insuffle l’émotion nécessaire sans jamais juger ou prendre parti. Mais sans s’interdire non plus d’y voir une tendance : un pessimisme fataliste illustré par la dernière planche, pleine d’ironie. Et si le graphisme, à la fois travaillé et spontané, n’est pas le point fort de l’album (sans être désagréable), il est au service de l’empathie. On pleure plus qu’on ne rit, on s’attache à ces personnages et on salue finalement la maîtrise narrative sans fausse note de cet album touchant.

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