Par Léon Maret. 2024, 29,50 €, mai 2012.

Voilà un ouvrage atypique, qui devrait séduire les amateurs de feuilletons historiques foutraques et d’objet hors normes. Sur près de 300 pages, on suit les mésaventures au cœur de la Révolution française (période Terreur) d’un rouquin prénommé Gaston, un peu benêt mais super fort à la canne (l’arme noble de l’époque). Il va croiser bien des personnes, pas forcément recommandables, comme une veuve bizarre, un brigand des bois, un accro au tabac, un aspirant ministre, une dingue enceinte, Robespierre ou un bourreau fameux… Et bien d’autres.

Roman graphique à tiroirs, tour à tour follement drôle et assez énervant, Canne de fer et Lucifer trimballe son lecteur de personnage en personnage, délaissant l’un au milieu de l’action pour suivre un autre qui paraissait bien secondaire, avant de retrouver le premier au détour d’un chemin. On est souvent un peu perdu dans ce livre du jeune Léon Maret (qui sort en même temps un album aux Requins Marteaux, Course de bagnole). Ce qui est tantôt appréciable, tantôt pénible, car les à-côtés de l’intrigue principale ne sont pas tous terriblement excitants. Néanmoins, on passe un bon moment face à cette bande dessinée qui paraît construite au fil de l’eau, et dont l’écriture s’affirme de page en page. De plus, les quelques trouvailles graphiques (joli lavis, points de vue originaux) et narratives (l’apparition du Jean-Jacques Rousseau mental est d’anthologie) font de cet ouvrage une bande dessinée sans cesse étonnante. Qui confirme l’audace des éditions 2024 (Lemon Jefferson et la grande aventure, La Comète) et le soin qu’elles apportent à leurs ouvrages.

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