Canopée **
Par Karine Bernadou. Atrabile, 14 €, le 19 mai 2011.
Une petite fille naît dans la forêt, auprès de parents aimants. Puis elle grandit, forcément. Et devient alors l’objet de tous les désirs, de la part des mâles environnants. À la fois proie facile et forte tête, elle va apprendre à respecter la vie et se faire respecter, notamment de la part de son père, une vieillard violent.
Conte initiatique 100% féminin, Canopée est un livre muet découpé en courts chapitres, dans lesquels la forme et le fond s’entremêlent sans cesse, le corps des personnages se déformant au gré des coups qu’ils se portent ou des câlins qu’ils se font, comme autant de mutations représentant l’évolution propre de chaque individu. Mais c’est surtout la prédation sexuelle, la fin de l’innocence et la difficulté de devenir une femme dans un monde (hostile) d’hommes, brutaux, malhonnêtes et/ou concupiscents, qui intéressent l’auteure de La Femme toute nue et des Croqueuses. Son trait vif et expressif et son élégante bichromie rouge et noire font de ce petit théâtre d’ombres et de sourires un élégant écrin pour cette histoire. Hélas, on reste toujours un peu en dehors de celle-ci, les chapitres tournant souvent court et l’ensemble manquant de continuité et de séquences posées suffisamment fortes. Il n’en manquait pas beaucoup pour que Canopée soit plus puissante et impressionnante. Dommage.
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