Capitaine Mulet
Qu’il semble jeune, beau et noble, le Capitaine Mulet… Chargé par le Roy d’une mission maritime, il s’embarque avec un équipage pour le moins hétéroclite, rassemblé par le second Bienvenu. Le navire croit voguer vers la gloire et faire l’Histoire… Sauf que Mulet est un fieffé idiot, et son bras droit à peine plus malin, mais davantage âpre au gain. Tels Don Quichotte et Sancho Panza — en plus ridicules —, les deux compères vont commettre bourde sur bourde, méjuger en permanence les autres, et nourrir des ambitions bien plus grandes que ce que leurs moyens intellectuels permettent…
A lire ce Capitaine Mulet, on se régale. D’abord parce que l’ouvrage, publié par les éditions 2024, est beau, soigneusement imprimé, avec un marque-page intégré, comme s’il s’agissait d’un précieux manuscrit relié. Ensuite et surtout parce que son auteure, Sophie Guerrive, est diablement intelligente et habile. Son duo d’anti-héros est à mourir de rire : obtus et sûrs de leur fait, Mulet et Bienvenu sont des comiques malgré eux, qui rendent chaque situation (l’abord d’une terre soi-disant vierge, la découverte de l’au-delà des mers, une rencontre avec des Sarrazins…) irrésistible. Formellement, c’est aussi une joie de plonger dans ces pages au trait noir et blanc soigné, fouillé, gracieux, qui rappelle les enluminures médiévales. Enfin, le langage est piquant, inventif. Finissant de faire de l’album une épopée burlesque brillante.
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