Carabin et caipirinha
Tous les étudiants en médecine du monde ne parlent-ils que de trucs dégueulasses avant d’aller s’alcooliser jusqu’à s’en retourner les tripes? De son Brésil natal en tout cas, c’est une expérience à la fois infâme et dionysiaque que se remémore Cynthia Bonacossa dans Carabin et Capirinha, récit initiatique et débridé d’une étudiante qui cherche sa voie. S’il est possible aussi que tous les étudiants doutent, comme elle, de leur vocation, de leur choix, et surtout d’eux-même, ce livre est le résultat d’une bifurcation professionnelle vers ce qui l’animait déjà entre les cours, consultations, et examens: le dessin.
Ses personnages, grands yeux en amande, emmènent donc le lecteur dans le quotidien pas toujours reluisant des jeunes étudiants en médecine, les “carabins”, mais surtout dans sa banalité, et ses mini mélodrames typiques des jeunes adultes. Ça parle, bien sûr, de tous les liquides qui peuvent sortir des orifices humains (ou y entrer), avec, bien sûr, tous les détails, de beuveries sans fin où les désirs se réveillent, de la tentation de l’infidélité, de sexe sale, de la culpabilité, du doute de soi, de se faire accepter, d’être à la hauteur… L’ensemble baigne dans le tourbillon graphique d’un dessin entre naïveté et souplesse, qui rejoint l’honnêteté du propos.
On se perd parfois dans la narration un peu brouillonne du récit, mais on reste fasciné par les anecdotes médicales insolites, et touchés par la franchise de l’auteure, qui n’épargne définitivement pas son propre personnage. «Je veux aller en psychiatrie et peut-être faire de la recherche. Comme ça, pas de contact à avoir. Ou bien je deviens artiste, je serai pauvre et je me suiciderai», déclare son avatar au cours de l’histoire. La joie de vivre qui suinte de ses dessins semble avoir pris le dessus sur cette sombre prédiction.
Publiez un commentaire