Sinnergulch, 1895, dans l’Alberta au Canada. Jay Foxton est le potentat local. Issu d’une famille aisée, il compte bien s’enrichir davantage en exploitant le sous-sol de la contrée, riche en or noir. Le hic c’est que ce territoire est occupé par le vieux Gus Carcajou, ermite rugueux, potentiel sorcier ou chaman, qui terrifie les habitants. Qu’à cela ne tienne, Foxton est décidé à le déloger. Et il va y être aidé par le meurtre de deux petites filles dont il a vite fait d’accuser Carcajou. Une chasse à l’homme va alors commencer suivie d’une chasse au fantôme qui va obliger chacun à affronter ses démons. Une descente aux enfers dont personne ne sortira indemne à Sinnergulch…

On est tout de suite embarqué par le scénario d’ElDiablo (Semper Feri, Monkey Bizness…) , qui affiche les codes du western mais flirte aussi très habilement avec le thriller et le fantastique. Page après page, l’intrigue se fait plus complexe, grâce aux révélations sur le passé et les relations entre les protagonistes, avec pour toile de fond historique l’opposition entre les tenants du progrès à tout prix et les croyances des peuples autochtones. La nature sauvage est partout, jusque dans les noms des personnages, et ce choix permet à Djilian Deroche, dont c’est la première BD (après des livres jeunesse chez La Martinière Jeunesse et Bayard), de produire des planches impressionnantes, au trait dense et aux couleurs léchées. Un album bien ficelé, dans l’écriture comme dans le visuel : une des belles lectures de 2024.