Par Anthony Pastor. Actes Sud/L’An 2, 19 €, le 30 mai 2012.

Sally est détective privée, un peu par la force des choses. Parce que son homme, le vrai détective, s’est barré avec une minette, et parce qu’il faut bien faire bouillir la marmite pour ses deux ados renfrognés. Pas forcément douée ni pour les enquêtes, ni pour les affaires, ni pour les relations familiales, elle est toutefois prête à s’investir sans compter pour s’en sortir. La voilà qui enquête pour le compte d’un poète en galère qui cherche qui a bien pu lui tirer dessus…

Dans Las Rosas, le très doué Anthony Pastor revisitait la tragédie grecque à la sauce télénovela, et produisait un album brillant, émouvant et hautement maîtrisé. Il tente ici de réitérer l’audacieux mélange des genres, en confrontant le polar façon Chandler, avec le conte de Noël et le drame sentimental digne des feuilletons à l’eau de rose. Mais malgré quelques bons moments, le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur du précédent album. Cousue de fil blanc, son intrigue policière prend trop de place, alors qu’elle n’est qu’un prétexte à la romance entre l’enquêtrice et l’écrivain. Romance tout à fait plaisante et emballante, surtout dans la dernière partie du livre, quand le mystère – évacué dans de belles séquences de tension – laisse s’épanouir un vrai conte de Noël à l’américaine. Le livre oscille donc entre le très réussi, le trop téléphoné et un certain ronronnement, à l’unisson du dessin, plein de charme, mais dont les couleurs pastel ne semblent pas toujours en accord avec le sujet. On referme donc Castilla Drive avec un sincère sourire, mais un peu frustré par rapport aux attentes que l’on avait envers l’auteur de Las Rosas. Monsieur Pastor, on compte sur vous pour nous faire rêver un peu plus fort la prochaine fois ! On sait que vous en êtes capable.

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