C’est pas toi le monde
« T’arriveras à rien, de toute façon, c’est peine perdue. » Il est définitif, Bené, quand il parle de son cas à ceux qui veulent l’aider. Fils d’une jeune femme qui semble l’aimer sans parvenir à l’aider, ce gamin de cité est en échec scolaire. Ne sait pas lire. Se montre violent avec ses camarades. Pas encore adolescent, et déjà no future. Une enseignante humaniste et dégourdie, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, décide de s’en occuper. Elle le mate sans le materner, le stimule sans le couver. Bené voit ses propres progrès, décrypte les mots, en forme lui-même…
C’est pas toi le monde ne prend pas de gants. Ni avec ses personnages, jamais décrits de manière complaisante ; ni avec son décor, terne, triste, sans toutefois atteindre des sommets de glaucité ; ni avec son sujet : la tentative de repêchage d’un gamin en peine, dépeinte sans excès de bons sentiments. Raphaël Geffray trouve un ton brut et juste, à la fois dans les textes (dépouillés et percutants, très réalistes) et le graphisme — un noir et blanc mouvant, entre réalisme photographique, collage et caricature. Son récit est difficile et poignant, et s’évite intelligemment un happy ending candide.
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