Ceux qui brûlent
Alex revient au commissariat après son accident. Physiquement, ça va, mais le trauma est encore là : renversée par un scooter, elle n’y pouvait rien, mais rumine ce moment où sa vie a failli basculer. Et s’interroge, au plus profond d’elle-même, sur sa capacité à gérer une situation d’urgence ou violente. Et manque de bol (et de considération de sa hiérarchie), on lui colle comme nouveau binôme le grand Pouilloux, vieux garçon maladroit et trop bavard, un type gentil, mais un vrai boulet. Vont-ils pouvoir se greffer à l’enquête en cours sur le tueur qui asperge d’acide ses victimes ?
Pour sa première bande dessinée, l’illustrateur Nicolas Dehghani, formé à l’animation aux Gobelins, opte pour un polar plutôt classique : une enquête, des meurtres étranges, un environnement urbain oppressant, et un duo de flics mal assortis. Un bon choix, car on dévore son livre sans forcer, à l’aise dans un scénario aux ressorts familiers, et agréablement surpris par l’intéressant portrait de ces deux policiers en souffrance, qui vont trouver au fond d’eux l’étincelle de vie et de passion pour leur métier qui pourrait les maintenir en vie. Et surtout, c’est par l’environnement graphique déployé que l’auteur séduit : une ligne claire un peu vintage, incluse dans un découpage lorgnant davantage le ciné ou le dessin animé, et une mise en couleur à dominante saumon ou bleu pâle qui joue joliment avec la lumière autour des aplats noirs, par une belle maîtrise des textures façon aérographe. Un traitement visuel original et percutant, qui dope bien une histoire sans fioriture, pour une lecture convaincante.
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