Denji a des dettes à rembourser. Massives. Hors de portée. Alors, après avoir déjà vendu un oeil et un testicule, il a choisi de devenir de chasseur de démons. Car oui, de nombreux démons, de toutes tailles et de tout calibre, se promènent ici ou là et sèment la pagaille. Pour l’aider dans sa tâche, il peut compter sur petit démon trop mignon, sorte de grosse peluche de laquelle émerge… une tronçonneuse. Finalement, alors qu’il a été trucidé et découpé en morceaux dans une poubelle, Denji et son démon fusionnent : l’homme tronçonneuse est né.

Pour séduire les grands ados, les auteurs japonais font preuve d’une imagination sans limite. Surtout, ils ne s’embarrassent pas de ce qu’on pourrait qualifier, de ce côté-ci du globe, de « bon goût ». Alors si l’hémoglobine ne vous rebute pas, de même qu’une dose maîtrisée de vulgarité dans les dialogues, et que vous vous sentez prêt à suivre une série qui frappe avant de réfléchir – mais toujours avec une distanciation et un humour piquant bienvenus –, alors Chainsaw Man pourrait bien vous conquérir. Avec son rythme indolent dopé régulièrement par des irruptions de violence grand-guignolesque, le premier tome roule à 200 sur des montagnes russes émotionnelles, oscillant entre la quête initiatique (malgré sa brutalité, on est dans un shônen) d’un anti-héros martyr qui aspire à la paix et à une tartine de confiture, et le délire gore, sublimé par un design de créatures très original. Encore une fois, avec son dessin pointu et griffé, toujours lisible, l’auteur de Fire Punch joue à (se) surprendre, à (se) faire rire et à (se) faire peur, car il parvient à mêler humour potache et visions horrifiques avec une franche bonne humeur. Prêt pour un défouloir XXL, audacieux (oui, on le répète, le héros se retrouve découpé dans une poubelle avant la page 40) et sans doute plus malin qu’il en a l’air ? Alors, faites vrombir la tronçonneuse…

CHAINSAW MAN © 2018 by Tatsuki Fujimoto/SHUEISHA Inc.