Charles Berberian arrive cette automne non pas avec une bande dessinée mais un album hors catégorie : Une époque fantastique, aux éditions du Chêne. C’est un album fantastique par sa taille, vraiment impressionnante, même pour un livre d’illustration. Mais aussi par la qualité du papier et l’élégance de sa couverture à la typo en or, à la large réserve de blanc et à l’élégant dessin au trait noir. Cette finition soignée traduit la volonté éditoriale de faire de chacun de ces dessins de presse parus dans Grazia, Spirou et L’Obs, ainsi que des inédits, de véritables œuvres d’art. 

En fait d’art, le lecteur découvrira la palette très large de Berberian. Oscillant entre de nombreux styles et techniques – trait noir à la Sempé, feutres fins, crayons de toutes les couleurs, encre ou aquarelle… —, il tourne autour de deux thèmes centraux : la nature (bord de mer, randonnées dans la montagne, parc) et les fêtes.

 

Très souvent un couple ou un seul personnage livre une part de son intériorité qui est en décalage avec son environnement. Le téléphone portable aussi est omniprésent. « Charles Berberian dessine ce qui le regarde et ceux qui le regardent aussi », affirme Joseph Ghosn dans la préface de l’ouvrage. Certes. C’est un témoignage sur notre époque par un virtuose du dessin qui saisit l’air du temps, les petits travers et les petites phrases de ses contemporains.

 

Mais il se dégage de la lecture de cet album un sentiment de décalage que semble traduire ce titre ambigu. Le lecteur se sent un peu à l’étroit et un peu seul, coincé entre ce double mouvement : l’amour du dessin, de la nature, de la vie et la désillusion, la futilité, la difficulté d’être tout simplement au monde dans cette époque qui ne parait pas si formidable que ça. Mais c’est sûrement une façon d’être au monde, « désabusément légère », qui séduira son public qui se reconnaîtra.

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Une époque fantastique.
Par Charles Berberian.
Chêne, 112 p., 29,90 €, septembre 2020.

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