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Charles Burns : la voix du Vortex

7 novembre 2016 |

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© Charles Burns / Cornélius 2016

Charles Burns, l’auteur acclamé de Black Hole et d’une splendide trilogie (Toxic, La Ruche, Calavera), revient en cet automne avec une exposition à la galerie Martel et deux nouveautés éditées chez Cornélius. Pas des BD au sens premier mais deux livres d’illustrations, Vortex et Love Nest.

Vortex, d’abord, regroupe pêle-mêle couvertures fictives de comics, photographies, planches, cases agrandies ou illustrations, dont le degré d’étrangeté est proportionnel au mystère de son alphabet, inventé par l’auteur, quelque part entre une langue d’Asie et le cyrillique. Sans oublier l’anglais, très présent. Burns y développe un continuum fantasmagorique presque familier, sorte de pot-pourri de toutes ses obsessions transposées à l’univers de Doug, anti-Tintin, perdu dans les limbes d’un monde organique dont on réchappe difficilement.

Pour ceux que l’univers de Burns fascine, Vortex constitue ainsi « bien plus qu’un simple renvoi à la genèse d’une histoire, [il] s’envisage comme un prolongement fantasmagorique qui étend la cartographie du monde irréel dans lequel évolue les personnages de la trilogie ». Comme si Toxic n’avait pas tout dit, Burns étire le mystère de sa trilogie à grand renfort d’avatars inquiétants et de décors torturés. Ou l’image d’un méta-monde comme seul horizon d’une vie que l’on s’échine à traverser aliéné, spectateur d’un réel illisible qui ne cesse de fuir. Toujours aussi splendide et fascinante, la virtuosité graphique de l’auteur atteint ici un équilibre parfait et, osons-le, digne des génies du 9 art.

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À mi-chemin entre fantasme et réalité, Love Nest, petit carnet de 130 pages à la couverture cartonnée, présente une succession d’illustrations, avec des corps et des visages plongés dans l’obscurité, où étrangeté et sensualité se conjuguent dans une esthétique inspirée par l’imagerie des comics à l’eau de rose des années 1950. Ici, toujours un goût prononcé pour le bizarre et la tragédie, renforcé par des trames sombres et une maîtrise parfaite du clair-obscur.

Résultat, par petites touches, Burns crée une esthétique du hors-champ où tout est dit dans l’illustration et dans l’ellipse, mais où tout, finalement (et en toute logique), se joue en dehors. Comme « un voyage unique au pays de l’intranquillité » , Burns y confronte ainsi de vrais cases de comics, se les réapproprie et tisse un mystère en seulement deux pages que le lecteur devra tenter de combler par son imagination, totalement stimulée. Regards tristes ou désolés, faussement heureux ou effrayés, l’expressivité du trait image la crise à venir ou l’étrange incrédulité des figurants.

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Un livre inédit et magnifique d’élégance, créé spécialement pour Cornélius. Et pour être sûr de ne pas boucler la boucle, Cornélius édite un fascicule lui aussi inédit de dessins de Charles Burns, le bien-nommé Incubation, qui rassemble les croquis préparatoires réalisés par l’auteur pendant l’élaboration de la trilogie Toxic. Le carnet vous sera offert par les libraires pour l’achat de deux ouvrages de Charles Burns.

Et pour les amateurs, les curieux, les fans ultimes, la galerie parisienne Martel propose jusqu’au 3 décembre une exposition de quelques œuvres de l’auteur américain, l’un des plus importants aujourd’hui du 9e art. Une chance à ne pas rater !

 

 

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© Charles Burns / Cornélius 2016

 


Vortex, Cornélius, 25,50 €, novembre 2016.

Love Nest, Cornélius, 22,50 €, novembre 2016.

Incubationgratuit pour l’achat de deux bande dessinées de Charles Burns.

Exposition à la galerie Martel du 21 octobre au 3 décembre 2016, 17 rue Martel, 75010 Paris

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