Elle a perdu sa mère jeune, mais a grandi dans une famille certes royale, mais aimante, entourée d’un père et de frères affectueux. Aussi, la princesse Charlotte de Belgique (1840-1927) est une nature plutôt confiante, dotée d’une personnalité affirmée. Quand vient l’heure des épousailles et que le bal des prétendants commence, elle fixe vite son choix sur l’archiduc Maximilien d’Autriche. Son oeil qui frise, son élégante barbe, son esprit vif la séduisent. Les voilà mariés, et Charlotte attend le bonheur qui lui semble promis.

Mais les nuages s’amoncellent : Maximilien est considéré comme un incapable par sa très riche et influente famille (il est un Habsbourg, frère de l’empereur François-Joseph), qui ne lui confie aucune responsabilité ; voilà le couple « réduit » à s’enfermer à Miramar, près de Trieste en Italie, dans une demeure restaurée à grands frais. Charlotte s’ennuie, et découvre vite les mauvais penchants de son mari : l’alcool, mais aussi les filles de joie, quitte à y laisser sa santé…

Méconnu, l’incroyable destin de cette altesse européenne qui devint impératrice du Mexique est un excellent sujet historique et intime, superbement exploité par Fabien Nury. Le scénariste d’Il était une fois en France ou de Tyler Cross s’empare ici de façon subtile et acérée des premiers chapitres d’une existence fascinante. Le dessinateur Matthieu Bonhomme (Esteban, L’Homme qui tua Lucky Luke…) n’en fait pas moins. Sa superbe ligne claire joue avec les clichés d’époque, suit un découpage dynamique et puissant — orné de couleurs chatoyantes —, ourle des figures expressives, sans négliger de jongler avec les ombres et les contrastes. La belle-soeur de Sissi est enfin dans une belle lumière, qui rend justice à sa détermination.