Chemin des souvenirs
Quand Au pays des lignes est sorti, nous avions salué une bande dessinée intelligente, faisant confiance au potentiel d’imaginaire des enfants tout en assumant une audace graphique réelle. Le bon accueil du titre a confirmé que le public était tout à fait ouvert et curieux, pour peu qu’on se donne la peine de lui laisser le choix. Une suite, inattendue, est parue il y a presque un an : retour sur cette petite perle qui nous avait échappé.
La réussite est en effet confirmée dans ce volume, qui parvient à poursuivre les parti-pris du premier tome – récit muet, beaucoup de grandes images déambulatoires sans cases, jeux de couleurs… – tout en ouvrant vers d’autres espaces. Ici, notre garçon sans nom se souvient de la jeune fille toute aussi anonyme avec qui il avait partagé une aventure. Porté par l’image de cet amour perdu, il va poursuivre ce souvenir dans une quête semblant perdue d’avance. Un classique : retrouver l’être qu’on a aimé, dans une bribe de nostalgie et de souvenirs d’enfance.
Mais le monde a changé, d’autres teintes apparaissent, derrières les traits viennent des aplats colorées et le décors se complexifie au fil de l’avancée du héros, qui prend de l’âge. Il ne perd pas espoir, mais les souvenirs s’estompent, le monde bouge, et le propre des quêtes impossibles est de demeurer irrésolues… Jusqu’à quand ?
Avec ce second tome, Victor Hussenot confirme une force graphique indiscutable qui accompagne une subtilité narrative rare pour aborder, tout en finesse, l’adolescence… et accompagner des lecteurs qui ont, eux aussi, grandi depuis le premier volume.
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