Par Pierre Wazem, Atrabile, 18 €, 12 avril 2013.

Ce livre regroupe l’ensemble de la correspondance dessinée que Pierre Wazem a envoyée à son amie Louise Bonnet. Cette dernière, ayant quitté les « Studios Lolos », atelier dans lequel ils travaillaient ensemble, pour aller s’installer aux États-Unis. Wazem alors, en réaction à l’idée préconçue selon laquelle les USA sont la terre de tous les possibles, se fait fort de raconter à son amie pourquoi les « Studios Lolos » sont le « meilleur endroit du monde ». C’est ainsi que, de 2003 à 2012, le narrateur brosse sous forme épistolaire, un compte-rendu de ses jours, gageant que l’évidence s’imposera d’elle-même…

De peur d’être rebuté par l’hermétisme d’un univers dont je ne connais pas les ficelles, j’eus un peu de mal à ouvrir la BD. Allais-je y trouver un univers bien clos sur lui-même, écrit par les connaisseurs et pour les habitués ? Eh bien non… Une vie qui s’écoule, une vie qui continue malgré la perte, malgré le deuil, et pour la joie et pour les autres, trouve toujours son public. Avec tendresse et sincérité, le narrateur fait partager à son lecteur le précieux quotidien de ses jours, précieux car entourés d’amis. Alors bien sûr, il y a le problème vieux comme le monde du temps qui s’écoule, mais contre celui-ci il y a la fête, la famille, les copains, tout ce qu’il faut pour se sentir chez soi. Sans tomber dans l’angélisme niais, Pierre Wazem nous raconte la balade de ses jours, en prenant le temps, car « ce qu’on fait sans prendre le temps, le temps le méprise ». Le dessin, privilégiant la mise en scène des personnages à la précision des visages et des corps, nous montre bien que la vie est une belle scène de théâtre où on ne fait que se perpétuer une danse folle entre les êtres. Il faut lire Chère Louise, car c’est une ballade dont chaque note est un personnage à part entière.

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