Chez Francisque #3 **
Par Manu Larcenet et Yan Lindingre. Dargaud, 20 €, le 16 janvier 2009.
Accoudez-vous au zinc, empoignez votre ballon de gros rouge qui tache, et embarquez pour une rétrospective de 2008 pas piquée des hannetons. Au bar Chez Francisque, les brèves de comptoir s’accumulent et l’album les compile à la manière de l’almanach Vermot. « Si j’avais mis tout ce que j’ai picolé sur un livret A, aujourd’hui, je pourrais m’offrir un foie tout neuf », claironne un certain Jean-François Bernardieu.
Les bons et mauvais mots fusent. À la mort du dernier Poilu Lazare Ponticelli, un « champion du monde » assure que « ça ne compte pas, c’était un rital ». Ici, on est en adoration devant le couple Bruni-Sarkozy, on confond les Indiens et les hindous, on parle volontiers de « métèques », « nègres » ou « bicots » (exemple type : Barack Obama). On porte fièrement un T-shirt AC/DC, et on appelle ses enfants Jean-Brandon ou Billy.
Imaginés par Yan Lindingre et croqués par Manu Larcenet, ces membres d’une certaine lie de l’humanité peuvent lasser par leur bêtise crasse, répétée au fil des pages. Mais, s’ils n’émeuvent jamais, leurs expressions hagardes et leurs pifs violacés – puissamment rendus – font régulièrement pouffer. Le dessin met à distance leur imbécillité, permettant d’en rire plutôt que d’en pleurer.
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