Chibi Devi! #1
1 volume par 8. Série en cours au Japon.
Double lecture : « Raison invoquée par les adultes pour consulter une œuvre jeunesse (livre, dessin animé, jeu, etc.) avec leurs enfants, en prétendant y voir un discours parallèle qui leur est destiné ». Même si souvent cette raison rime avec excuse, certaines œuvres jeunesse possèdent effectivement une double lecture, pour peu qu’un contexte culturel soit porté à la connaissance du lecteur. Explications.
Plutôt rares dans l’édition française, les mangas destinés aux 8-12 ans sont souvent de jolies surprises à l’image de ce sympathique Chibi Devi!, imaginé par Hiromu Shinozuka. On y suit les mésaventures de Honoka, une jeune Japonaise de 14 ans. Solitaire, mal dans sa peau, et à deux doigts de devenir une athée convaincue, la voilà qui se réveille un beau matin avec un adorable bébé démon dans son lit ! Rapidement charmée par ce turbulent bambin, Honoka se demande si elle fera une bonne mère adoptive malgré son jeune âge. Elle doute tant, qu’elle pense sérieusement à confier le bébé à autrui… Quelle sera sa décision finale ?
Avec son graphisme rondouillard et presque naïf, Chibi Devi! est une petite bouffée d’air frais. C’est mignon, trépident, rythmé, et l’on y aborde des thèmes universels comme la responsabilité parentale. Un discours qui pourrait faire sourire certains, si l’on ne replaçait pas ce manga dans son contexte original : le Japon. En effet, ce pays connaît actuellement une crise démographique sans précédent. Les naissances s’écroulent et les jeunes générations sont de moins en moins intéressées par la vie de couple (alors avoir des enfants, n’en parlons pas… ). Bien sûr, on peut toujours chercher des coupables (pardon, des responsables) à cette crise : les jeux vidéo, les mangas, le mauvais temps, les tablettes de chocolat, Dark Vador, que sais-je… En attendant, les faits sont là. Et certains n’hésitent pas à affirmer qu’à ce rythme la population japonaise risque de disparaître de la surface de la Terre d’ici moins d’un millier d’années ! Ainsi, une œuvre, même de fiction, est toujours la représentante d’une époque, d’une société, d’une culture, mais aussi de ses préocupations. Est-ce donc le fruit du hasard si l’auteur de Chibi Devi! nous rappelle ici les joies de la maternité ?
En tout cas, avec ses nombreux rebondissements, son cliffhanger bien troussé, ses idées à la pelle (quand on enfile un costume à un enfant démon, il hérite de certains pouvoirs spéciaux et rigolos !), voici un manga attendrissant et jamais moralisateur. Où comment sensibiliser sans en avoir l’air…
Kara
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