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« Chico & Rita » : un film d’animation séduisant et une BD décevante

6 juillet 2011 |

Quand une même histoire engendre quasi simultanément une bande dessinée et un film d’animation… Avec Chico & Rita, les Espagnols Fernando Trueba et Javier Mariscal racontent une histoire d’amour sur fond jazzy, dans La Havane des années 40. Leur travail se révèle enthousiasmant ou très ordinaire, selon le médium choisi.

« On s’est connus, on s’est reconnus, on s’est perdus de vue, on s’est r’perdus d’vue, On s’est retrouvés, on s’est réchauffés, puis on s’est séparés… » chico_afficheL’inoubliable chanson-titre de Jules & Jim, interprétée par une Jeanne Moreau débutante, sied à merveille à l’univers de Chico & Rita. La singularité de l’exploitation de cette fiction est assez rare pour être soulignée : parution et sortie en salles, à quelques semaines d’intervalle, d’une BD et d’un film d’animation, fruits d’une collaboration entre Javier Mariscal, peintre, styliste et auteur de BD réputé pour la série Los Garriris, et Fernando Trueba, producteur, scénariste et réalisateur qui rafla l’Oscar du meilleur film étranger en 1994 avec Belle Epoque. Soit deux expériences évidemment complémentaires, mais finalement loin de se valoir.

Les deux formes d’expression respectent à la lettre la même intrigue, celle de la rencontre entre un pianiste et une chanteuse ensorcelante dans La Havane de la fin des années 1940. Passé le coup de foudre, la période de rodage et d’apprivoisement de l’un et l’autre débouche sur un amour passionnel, qui devra surmonter bien des fiertés et des non-dits pour s’épanouir et être consommé à un âge tardif (le récit est raconté au passé par le pianiste, croupissant dans un appartement miteux où il nourrit de nombreux remords). Au-delà d’une évidente attirance physique, c’est bel et bien la musique qui réunit les tourtereaux. L’amour du jazz afro-cubain, de Cuba à New York, de Hollywood à Paris. Avec la trahison d’un ami en sus, afin de compliquer la situation.

chico_1Donc, l’album d’un côté, le film de l’autre. S’il est d’usage de jeter un regard circonspect sur l’adaptation d’une œuvre parue en amont, la balance penche, pour une fois, nettement en faveur de la transposition animée. Handicapée par un découpage trop hâtif et un graphisme dépouillé, au trait mal assuré et qui confine parfois à la maladresse, la BD peine à immerger pleinement le lecteur dans l’univers dépeint par les auteurs. De par sa nature, le film permet d’ajouter une dimension sonore capitale, et se montre infiniment plus convaincant que le livre. Bénéficiant d’une fluidité d’animation sans fausse note, d’un style aux contours épais qui le distingue du tout-venant de la production contemporaine, ce pur film d’ambiance accentue le caractère prétexte de l’histoire d’amour pour se focaliser sur une BO enivrante, qui n’hésite pas à multiplier les séquences chantées. À la faveur de plans de nudité frontale et de baisers langoureux, le film offre en outre une héroïne d’une sensualité extrême, rejoignant Jessica Rabbit (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) et Esméralda (Le Bossu de Notre-Dame) dans le cercle fermé des héroïnes de films d’animation torrides en diable.

chico_2Si l’on ajoute à cela des séquences fonctionnant bien mieux dans le film (par exemple la scène colorée quasi-abstraite du rêve, lorsque Chico embarque pour New York afin de reconquérir sa dulcinée), et des clins d’œil savoureux destinés à étoffer et rythmer le long métrage (mise en abîme succincte du héros dans un cinéma, admirant la prestation de Rita dans un film hollywoodien), le verdict devient sans appel. Considérée isolément, la BD reste plaisante mais offre une histoire d’amour banale. A la vision du film, d’une ambition formelle admirable, sa lecture devient tout à fait facultative.

Gersende Bollut

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Chico & Rita
Par Fernando Trueba et Javier Mariscal.
Long-métrage d’animation. Durée: 1h33.
Avec les voix de Bebo Valdés, Idania Valdés, Estrella Morente…
En salles le 6 juillet 2011.

Bande dessinée éditée par Denoël, 23 €, juin 2011.
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Images © Fernando Trueba Producciones Cinematográficas S.A., Estudio Mariscal S.A., Magic Light Pictures (Chico & Rita) IOM Limited.

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