Children #1
Il est quand même un peu naïf Tôru. Ce gentil étudiant débarque dans un étrange orphelinat d’une région montagneuse, pour faire animateur pendant 6 mois auprès d’enfants. Pour 3 millions de yens, soit un peu plus de 24000 euros : à ce prix-là, il y avait certainement un traquenard. Pour ne pas dire pire. La mauvaise surprise se dévoile très vite : la bande de gamins est en réalité une horde de psychopathes qui trucident tous les adultes passant par là. Les torturent ou les écorchent ou les découpent, ou un peu tout à la fois. Torû se retrouve donc témoin et complice forcé de cette boucherie. Sa naïveté le perdra…
Le bandeau autour du tome 1 de ce diptyque demandait au courageux lecteur d’avoir le coeur et l’estomac bien accrochés. OK, avec une couverture aussi sanguinolente dans un environnement enfantin, on pouvait s’attendre à quelque chose de bizarre et violent. Le communiqué de presse en remettait une couche : « Certainement le manga le plus gore et malsain de ces dernières années… » Sans doute un compliment, mais on avait le droit d’en douter. La lecture de ce volume confirme le gore et le malsain, mais n’apporte aucune satisfaction. Que veut nous dire la jeune Miu Miura avec cette creuse et sordide histoire d’enfants vengeurs? Quelle sont la finalité et l’intérêt de voir des enfants trancher des membres et faire semblant que tout est merveilleux dans leur petit univers clos ? Alors oui, si c’est pour jouer avec les nerfs du lecteur et mesurer sa capacité à lire des horreurs sans queue ni tête (littéralement), on devine l’objectif pervers de l’autrice. Mais on aurait surtout aimé qu’elle soit plus subtile dans son dilemme moral et dans la mise en scène de la terreur, pour justifier un tel déversement gratuit de sévices. Ses personnages sont grossièrement brossés, son scénario avance par à-coups (de hache) sans aucune fluidité et les agissements et réflexions du héros n’ont aucun sens. Quant au dessin, il tient à peu près la route si on ne s’y attarde pas trop, dans un style caricatural mais efficace. Mais il finit par vite lasser à force d’accumuler les gros plans et les saillies cartoon censées, qui sait, détendre l’atmosphère. Beaucoup de bruit et de sang pour rien, donc.
CHILDREN © 2018 Miu Miura / SQUARE ENIX
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