Chronique de Francine R., résistante et déportée
Francine R. a été déportée, au cours de l’année 1944, dans le camp de concentration de Ravensbrück, pour avoir résisté à l’occupant. Arrêtée avec sa sœur par la Gestapo à Pouilly-sous-Charlieu le 6 avril, elle subit ensuite les interrogatoires avant de se retrouver en Allemagne dans plusieurs camps : Ravensbrück donc, mais surtout à Watenstedt, dans les usines d’armement d’Hermann Göring…
L’auteur Boris Golzio s’est entretenu avec Francine, cousine de sa grand-mère paternelle, avant qu’elle ne décède en 2003 à l’âge de 81 ans. Ses chroniques ont donc la valeur d’un témoignage brut sur la vie des déportés résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. La BD étant ici un support pédagogique « pour que la parole de Francine ne s’éteigne pas ». Ni plus ni moins. Porté par un « texte parlé » et un dessin naïf, l’album décrit les différentes étapes de la déportation, de l’arrestation jusqu’à la vie dans les camps : interrogatoires par des tortionnaires, humiliations, attente interminable, manque de nourriture, pillage, travail forcé…
Pour qui veut connaître cette période, la BD remplit son rôle grâce à un travail de documentation assez précis, sans toutefois éviter les confusions ou maladresses, dans les parti-pris narratifs notamment. Par souci de contextualiser, des informations viennent ainsi étayer le récit de la déportée, avec ses erreurs, ses omissions, ses hésitations. Pourquoi pas, mais alors il faut aller au bout de la logique. Deux exemples : le témoignage, et c’est normal, vu le contexte et la période, fait la confusion entre « camp de concentration » et « centre de mise à mort » (ou camp d’extermination) mais à aucun moment une information ne vient le préciser. En revanche, quand Francine évoque sa haine des Polonaises et des kapos, on sent l’auteur gêné. Et Boris Golzio de répondre par un jugement à l’emporte-pièce, tentant de justifier le comportement inhumain des Polonaises dans les camps : c’est que les Polonaises, internées tôt dans les camps, « avaient déjà beaucoup souffert du système concentrationnaire nazi ». Gênant…
Reste un album globalement intéressant, sans pathos mais un peu sec, qui a le mérite de mettre en lumière cette sombre période, qui menace de s’effacer avec la disparition des derniers témoins directs.
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