Citrus à l’heure du sexe
L’été est déjà là, et avec lui les publications sur… le sexe, évidemment ! Ça tombe bien, après avoir séduit avec deux numéros consacrés au foot et aux faits divers, la toute jeune revue graphique Citrus pilotée par Chloé Pathé et Chloé Marquaire, revient avec un opus dédié au sexe sous toutes ses formes.
La recette ne change guère : un sujet exploré dans toutes ses dimensions – sociologique, historique, géographique, érotique, pornographique, criminelle… –, des histoires insolites, sérieuses ou inédites afin de mieux comprendre en quoi le sexe nourrit la mécanique du désir et inversement. Ce Citrus se voulait à la fois « léger et grave, comme la vie, comme le sexe, qui est peut-être l’affaire la plus sérieuse du monde, source de plaisirs infinis mais aussi de douleurs et de dangers ». Le pari est une nouvelle fois réussi. Car Citrus, toujours à la croisée des approches journalistique, littéraire, universitaire et graphique, évite de sombrer dans la surenchère racoleuse et voyeuriste pour lui préférer la narration pudique, l’élégance de l’illustration ou la vitalité de l’analyse. Dans des articles au long cours, des BD, des représentations fantasmées ou des reportages insolites ou graves au cœur du réel. Parler de sexe se révélant ici une manière de parler des sociétés, des États, des individus dans leur rapport à l’intime. Mais aussi d’érotisme, de plaisir, de désir dans des contextes politiques et sociologiques variés.
Sandrine Martin raconte ainsi en BD les tâtonnements d’Érica, adolescente en recherche. André Versaille et Nicolas André analysent le viol comme arme de guerre ordinaire à partir du témoignage d’Immaculée, Tutsi rescapée du génocide de 1994. « Sexe en prison : une double peine » pose un regard sociologique sur la sexualité derrière les barreaux. De leur côté, Zed et Juliette Léveillé plongent au cœur de l’Iran pour analyser la sexualité à la lumière d’un régime autoritaire, tandis que Leïla Minano avec Matthieu Méron (Au loft des Sens) révèlent le quotidien de femmes au chômage traversant la frontière belge pour boucler les fins de mois. Un récit auquel répond « Love Hotel » en fin de revue, reportage au club 88, seul love hotel de France.
Impossible de tout citer mais de l’éveil de la sexualité aux premières fois, de la sexsomnie aux galipettes osées en passant par les territoires de la pornographie (Anything but porn p. 180 ; Précurseurs du sexe) et les jouets du plaisir, la revue aborde tous les aspects de la question, entre légèreté et gravité, toujours avec le plus grand sérieux mais sans s’interdire humour cocasse et frivolité bien placée (Galipettes de l’extrême).
Enfin l’élégance graphique assure la réussite de la revue semestrielle. Olivier Balez nous envoie ainsi au septième ciel et Aude Samama érotise les paysages, quand Mügluck fait du désir et du sexe une fête. Aquarelle, infographie, crayon, acrylique, la diversité des techniques permet d’imager nos représentations sans sacrifier l’imaginaire. Bref, et même si le texte l’emporte (un peu trop) sur l’image dans cette livraison de Citrus, l’angle et le positionnement rédactionnels continuent de séduire, en plus de faire découvrir tout un panel d’auteurs, graphistes, illustrateurs, journalistes, universitaires… Loin de toute pornographie désenchantée, Citrus se révèle donc instructif et divertissant et réussit un défi compliqué : parler de sexe sans tomber dans les poncifs. Chapeau !
Citrus #3 – Sexe.
Éditions L’Agrume. 224 pages, 17,50 €.
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Il s’agit d’une revue-livre plus que de bandes dessinées, le thême traité est intéressant (au moins autant que le fait d’hier ou que la bouffe. Ah il y a eu aussi le football!)), mais nous sommes déjà assez documentés sur la question. Beaucoup de textes comme vous dites, des illustrations assez modernes (tendance jeunes diplômés d’école des beaux-arts), mais bon ceux qui ont du temps pourront l’acheter pour le lire sur la plage…..
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