Clair obscur
À Paris, pendant l’Occupation, les nazis déportent les juifs et autres opposants. Et tentent aussi de dépouiller les collections des musées français. Ila Gardner, jeune citoyenne canadienne, est chargée de répertorier et de protéger ces oeuvres des appétits allemands. Jusqu’où pourra-t-elle tenir? L’amour de l’art et la haine de l’envahisseur seront-ils assez forts pour résister à son idylle avec l’officier Rolf Hauptmann ?
Les époux Immonen, jusqu’ici plutôt habitué aux grosses productions Marvel, signent ici un joli exercice de style, tout en non-dit et en tension. Autour d’une idée simple – la jolie curatrice aide à planquer des tableaux mais se laisse séduire par son chef allemand – ils composent un album au découpage complexe et à la dramaturgie tranchante. Souvent théâtral dans les scènes de dialogues, où chaque mot semble pesé et soupesé dix fois, Clair obscur exploite bien les possibilités du médium BD, en multipliant les allers-retours temporels pour rythmer le récit. Quitte à le rendre par moments confus, et de faire froncer les sourcils au lecteur. C’est la limite de l’exercice, qui trouve son équivalent côté graphique : en choisissant un trait fin et sans détail, soutenu parfois par des zones de noir accentuant les instants dramatiques, Stuart Immonen offre une démonstration d’efficacité, aux dépens de l’émotion. Malgré ces quelques défauts, sans doute inhérents au projet, ce one-shot demeure un album original et maîtrisé, d’une élégance certaine.
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