Claire Bretécher est morte
L’autrice de bande dessinée Claire Bretécher est décédée le 10 février 2020, à l’âge de 79 ans.
Née en 1940 à Nantes, Claire Bretécher montre tôt une envie pour le dessin et quitte ses parents pour Paris à l’âge de 19 ans. Elle place ses premières illustrations dans la presse et l’édition (Le Pèlerin, Bayard, Larousse, Hachette…) et démarre dans la bande dessinée avec rien moins que René Goscinny : c’est Le Facteur Rhésus, dans la revue L’Os à moelle (1963). Par la suite, elle collabore avec les journaux Record (Baratine et Molgaga), Tintin (Hector), puis Spirou, où elle crée Gnangnan, Les Naufragés (avec Cauvin) et Robin les foies.
En 1969, elle rejoint le journal Pilote et y développe un registre plus adulte. C’est là que naissent le personnage de Cellulite, les gags d’actu Salades de saison. Elle participe dès 1972 à l’aventure de L’Écho des savanes, avec Gotlib et Mandryka. Puis c’est Le Nouvel Observateur qui fait appel à elle, en 1973, pour lancer une page hebdomadaire qui s’intitule rapidement « La Page des Frustrés », dans laquelle elle dépeint avec un humour féroce une certaine classe de bourgeois de gauche. Le succès public et critique des Frustrés grandit, notamment grâce aux recueils qu’elle publie. On les adapte à la télé et au théâtre, et Claire Bretécher acquiert une aura unique pour une femme dans la bande dessinée, et même pour un auteur de bande dessinée tout court.
En 1982, elle publie l’album Les Mères, et l’année suivante, elle est désignée co-présidente de la dixième édition du Festival d’Angoulême, qui lui consacre un exposition. Elle épouse cette année-là le juriste Guy Carcassonne (qui est décédé en 2013). Elle développe ensuite Docteur Ventouse (1985-86) et lance en 1988 Agrippine, abordant le monde de l’adolescence. Une série au trait savamment griffé et aux dialogues piquants, qui rejoint Les Frustrés dans le panthéon de ses oeuvres majeures, et qui sera distinguée à Angoulême en 1999.
À noter aussi qu’elle s’est longtemps auto-éditée, et qu’elle n’a confié la gestion de son catalogue à Dargaud qu’en 2006. Qui publiera le 8e et dernier Agrippine en 2009, dernier album de BD de cette immense autrice. Deux ans plus tard, elle sortait un tarot divinatoire illustré, et se confiait avec sincérité à L’Express : « Je suis une flemmarde. Je ne fais que lire, chercher de vagues idées, téléphoner et voir des copines. J’ai une vie lamentable… mais qui me convient. »
Le Centre Pompidou a célébré en 2015 cette pionnière de la critique sociale et du féminisme en bande dessinée, au ton unique et au style graphique reconnaissable au premier regard, dans une exposition installée à la Bpi.
Tags
Claire Bretécher-
Agrippine la jeune tendit le sein à l’un des légionnaires et, superbe, laissa tomber son pauvre corps sur un glaive.
Disparition de Claire Bretécher, son Agripine est à découvrir ou à relire dans son intégralité -
Je trouve que le choix de l’illustration (dernière illustration de l’article) est très, très proche de la lesbophobie.
J’adore Bretécher, et pourtant si j’avais juste lu cet article j’aurais jamais été lire cette autrice.
Pourquoi ce choix rédactionnel, d’utiliser l’occasion de rendre hommage à une autrice brillante pour placer une cliché tel que celui-ci ? Ça ne reflète pas du tout l’œuvre de Bretécher, qui était clairement féministe et pas homophobe.
Cette illustration, en dehors de tout contexte, on dirait juste que l’autrice adhère au cliché de la lesbienne grosse, moche et en colère. -
Si vous trouvez homophobe une illustration d’une autrice non-homophobe, peut être serait-ce un signe que votre grille de lecture systématiquement (relative à un système, un schéma de pensée) sexiste a ses limites ?
Tous vos commentaires sont orientés. C’est clairement épuisant, et tourne à l’obsession, limite au ridicule.
ça décrédibilise en plus tout à fait votre propos, sur certains articles c’était assez effarant de constater à quel point votre intérêt pour le sexisme était loin des intentions de l’auteur.
Avez-vous déjà lu du Wolinski ? du Reiser ? qu’en est-il de ces auteurs ? votre réponse m’intéresse vraiment, ce n’est pas que de la provocation.
J’étais libraire aux Emirats arabes unis, les bds passaient par un comité de censure qui rajoutait au feutre noir des petites culottes et des soutiens-gorge aux filles nues, c’est une atteinte à la liberté de l’auteur, ou une marque de respect pour la femme réduite en objet de désir ?
Je ne cherche pas à argumenter parce que je n’en vois pas l’intérêt après avoir lu vos commentaires, mais si vous pouviez m’éclairer sur ces quelques points, ce serait très agréable de votre part.
cordialement,
edouard (c’est un pseudo,car comme tous les phallocrates, je suis lâche) -
Je ne vais pas revenir sur mon commentaire précédent. Je ne parlais évidemment pas de l’œuvre de Bretécher, comme je l’ai clairement dit. Mais du choix, hors contexte, de cette illustration précise, utilisée de manière isolée. C’est ça qui me semble ennuyeux.
« Tous vos commentaires sont orientés ». C’est un peu exagéré. Mais c’est vrai que je m’embête à signaler ce qui me gêne dans certains articles, et qui gêne sans doute d’autres personnes : je ne suis qu’une féministe islamo-gauchiste et bédévore tout à fait ordinaire, et sûrement représentative d’une partie du lectorat. Quand je trouve que quelque chose est à redire, du point de vue du sexisme, du classisme, du racisme, je le signale. Parce que la méchanceté, la violence, même symbolique, c’est pas agréable dans les rapports sociaux, tout simplement. Pourquoi cela vous gêne-t-il tant que des éléments problématiques soient signalés ? Mauvaise conscience ? Tentative de se voiler la face sur les souffrances des femmes, des personnes discriminées (LGBT), des pauvres, des personnes racisées ? Si un message sexiste ou raciste ou classiste ne vous choque pas, c’est que vous le trouvez normal, et donc que vous êtes du côté du manche. D’ailleurs vous le dites très clairement : vous vous définissez vous même comme « phallocrate », et donc partisan d’une inégalité homme-femme, au détriment de plus de 50% de la population.
Pour le pseudo, je vous laisse juge de votre tempérament, même si je ne vois pas en quoi utiliser un pseudo serait particulièrement lâche. Savoir que vous vous appelez (n’importe quel nom) n’apporterait rien au débat en réalité.
En revanche, je ne vois pas l’intérêt de répondre à une interrogation aussi éloignée du sujet de l’article que « mon avis sur Reiser » et autre… c’est complètement hors sujet, ici. Seriez-vous également un troll ? Vous comprendrez que mon échange avec vous s’arrêtera ici, je suis sûre que d’autres ont des choses intéressantes à dire sur cette immense autrice féministe qu’était Bretécher.
-
« De bande dessinée il n’est finalement jamais question » : si vous parlez de mes commentaires, c’est faux. L’un de mes derniers commentaires répondait par exemple à la liste des 10 meilleures BD de l’année, et je proposais les titres qui m’avaient parus les meilleurs.
Si vous considérez que le lectorat n’a pas voix au chapitre, à part pour vous félicitez, vous venez de perdre une lectrice, et sans doute d’autres : je ne ferais plus la réclame de votre magasine à mes amies.
Pourquoi vouloir à tout prix limiter votre lectorat, ce que vous faites lorsque vous avez recours à un vocabulaire oppressif pour parler de bandes dessinées ? -
« vous venez de perdre une lectrice »
Je crois qu’il ne pourra y avoir de meilleure nouvelle en 2020.
Sans doute le savez vous très bien, mais que ce soit dit quand même : votre présence dans l’espace commentaire de ce site est pesante et à la limite du nauséabond. On ne regrettera ni vos procès d’intentions ni votre marteau de juge.Big up à Bodoi (o.o)b
Commentaires