Clivages #1
Quelque part, de nos jours, en Europe : un village avec sa mairie, son école, ses gamins qui jouent au foot et sa petite vie tranquille, se trouve pris en tenailles entre les troupes « légitimistes » et les rebelles « partisans » qui s’affrontent dans le pays, et plus particulièrement dans ce village. Juliana est médecin, conseillère municipale et mère de famille. Elle va devoir composer avec ce climat tendu et violent dont tout le monde ne sortira pas indemne.
Premier opus de la série Clivages, Lignes de front développe un scénario habile qui n’est pas sans faire penser aux séries Un village français et Occupied. La guerre en Europe n’est plus. Pourtant, les heurts en Ukraine ou les guerres en Yougoslavie dans les années 90 ne sont pas si lointains. Et les paysages enneigés couchés par le dessinateur Joan Urgell (Trahie, Dead life…) ne sont pas sans rappeler ces contrées. La BD n’en reste pas moins une dystopie, posant le postulat du retour de la guerre dans notre Europe démocratisée. Est-ce l’installation de forces populistes en Hongrie ou en Italie qui ont inspiré le très prolifique Sylvain Runberg (Cases blanches, Millenium Saga, Le Règne…)? Peut-être. En tout cas, il nous rappelle que le spectre de la guerre n’est jamais vraiment éloigné. Les deux auteurs empruntent également à l’histoire plus ancienne du XXe siècle : l’occupation allemande des territoires conquis, la division des populations occupées, leurs affrontements et surtout, les civils, comme premières victimes de la guerre. Car c’est de ce point de vue là que les auteurs se placent. La dynamique reste centrée sur l’action, terrain de jeu habituel des deux auteurs.
Le trait réaliste de Joan Urgell accompagne cette BD, qui, si elle n’innove pas vraiment, invite à la réflexion par l’immersion et l’empathie. Et même si le postulat de « et si la guerre était de retour » tourne un peu court et que la psychologie des personnages n’est pas d’une finesse exemplaire, restent les rebondissements qui font de l’ouvrage une bonne BD d’action.
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