Clothroad VS Artelier : deux mangas trop proches pour ne pas être comparés
Armaggeddon versus Deep Impact, Fourmiz contre 1001 Pattes, Volcano et Le Pic de Dante… Il fut un temps où les studios hollywoodiens se tiraient la bourre en lançant au même moment des projets aux contenus similaires. Le spectateur s’amusait toutefois de ces « hasards de calendriers de production » tant que les films étaient bons. Enfin pour certains …
Cette fois, un de ces « hasards » vient directement du Japon. En 2003 et 2005, deux mangas aux sujets similaires apparaissent dans les librairies nippones : respectivement Clothroad et Artelier. Comble de la coïncidence, ces deux mangas sortent aussi quasi simultanément en France en 2010 ! Décidément, le hasard est un grand coquin qui fait bien les choses, tout en nous donnant l’occasion de nous lancer dans le fameux jeu des comparaisons.
De quoi ça parle ?
CLOTHROAD
Le jeune tailleur Fergus vit dans un monde où la nanotechnologie se situe désormais dans nos vêtements de tous les jours ! Sept grandes maisons de haute couture se partagent ainsi le pouvoir planétaire, et les mannequins sont des combattants utilisant leurs plus beaux atours dans des joutes mortelles sur podiums ! Accompagné de sa jolie sœur Jennifer, Fergus va partir à la recherche de ses parents dans ce monde où seules les apparences (trompeuses) et la grâce (mortelle) comptent !
ARTELIER
Les Masterpieces sont des artisans de génie, capables d’insuffler des pouvoirs magiques à leurs créations (vêtements, pâtisseries…). Makumo est un jeune apprenti couturier qui compte bien faire éclater son talent au grand jour, mais se retrouve bien malgré lui embarqué dans une sombre machination impliquant d’autres Masterpieces. Le combat est-il inévitable ?
A la lecture de ces résumés, difficile de croire que ces deux mangas sont l’œuvre de deux auteurs différents ! Et pourtant, Clothroad est signé par le scénariste Kurata Hideyuki, créateur de la géniale mini série animée Read or Die. De son côté, Artelier est l’œuvre d’un auteur unique s’occupant également du graphisme. La palme de l’inventivité revient sans conteste à Clothroad de par son univers très original, contrairement à Artelier qui semble se dérouler dans une classique uchronie à la Dragon Ball (une Terre alternative en somme). Un univers certes plus académique, à l’image de mangas d’action pour ados comme One Piece ou Naruto, mais bien construit et très accessible. Dans les deux cas, les scénarios font la part belle à l’action et aux personnages forts promis à de bien belles aventures. Néanmoins Clothroad se destine à un public plus adulte, en raison de la violence de ses combats, et de certains penchants « incestueux » de quelques protagonistes rencontrés par Fergus et sa sœur…
Les auteurs n’hésitent pas ainsi à mettre en scène quelques scènes « provocantes » mais franchement gratuites. En effet, le dessinateur Okama employé sur Clothroad est aussi connu au Japon pour être un auteur d’œuvres érotiques sulfureuses mettant en scène nombres de nymphettes. Certes, dans ce manga, il met la pédale douce, et livre un produit hybride, à l’image d’un Naru Taru. On pense lire un manga tous publics, et d’un seul coup, une scène osée et clairement destinée à un public mature et averti vient faire irruption. Un mélange de tons qui peut interloquer, amuser, ou choquer, selon la sensibilité de chacun…
Dans Artelier, rien de choquant au contraire. On est dans la tradition du manga d’aventures pour ados : amitié, courage, dévotion, humour, etc. Tous les ingrédients d’un dynamique manga d’action sont réunis pour livrer un récit certes classique, mais ayant tout de même quelques bonnes idées au niveau de son univers pour nous tenir en haleine.
Et côté dessin ?
CLOTHROAD
Kurata Hideyuki s’est donc offert les services d’un illustrateur très célèbre : Okama. Celui-ci n’est pas qu’un érotomane, il est aussi un designer reconnu pour ses univers baroques et barrés, mais surtout ses très belles créations de costumes pour personnages de dessins animés haut de gamme. Or, comme certains illustrateurs, Okama a un peu de mal avec la narration BD. Le premier volume de Clothroad est brouillon dans sa mise en scène, les combats sont presque illisibles… Mais dès le deuxième volume, il fait d’énormes progrès et nous gratifie de scènes d’action bien mieux construites et riches en suspense !
Okama crée donc avec Clothroad un monde à mi-chemin entre l’heroic fantasy, le steam punk, et le cyber punk à la Final Fantasy. Un véritable régal pour les yeux tout en gardant une certaine pêche dans un encrage lâché mais maîtrisé.
ARTELIER
La passion ne peut hélas toujours masquer le manque de maturité graphique d’un créatif. Artelier est l’œuvre d’un auteur qui se cherche encore : encrage hésitant, décor approximatif, personnages au design académique (mais bien fichus dans l’ensemble)… Le tout sentirait l’amateurisme, si l’ensemble n’était pas sauvé par une mise en scène dynamique et lisible. Artelier est donc un manga graphiquement « classique » mais qui ne demande qu’à mûrir, pour enfin faire exploser le talent latent de son auteur bouillonnant d’idées !
Conclusion
Au final, choisir l’une ou l’autre de ces œuvres relèvera plutôt du type de public auquel chacune est destinée :
Clothroad se destine clairement à un public mature, voire averti. Nanti d’un univers très original, voici un récit d’action qui ne cesse d’étonner par son inventivité graphique et narrative. On est bluffé par les progrès fulgurants d’Okama d’un volume à l’autre en matière de mise en scène ! Que nous réserve-t-il pour la suite ?
Artelier est un manga idéal pour un jeune public déjà fan d’œuvres telles que Fairy Tail ou Bleach. Porteuse de valeurs positives, nantie d’une mise en scène dynamique et de personnages carrés mais sympathiques, cette série est un solide récit d’aventures, idéal à lire sur la plage en cette fin de vacances du mois d’août !
KARA
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Artelier #1-3. (tome 4 en septembre)
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Choisir entre les deux, ce n’est pas la seule solution. On peut aussi décider de ne lire aucun des deux.
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Choisir entre les deux, ce n’est pas la seule solution. On peut aussi décider de ne lire aucun des deux.
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