Coco Jumbo
Alain Boulanger est mort. Ce grand patron, à la tête d’un fleuron de l’industrie française, est décédé dans un étrange accident de voiture, alors qu’il traversait la jungle en direction de la mine d’uranium de Domartin, Dom-Tom. Un beau sujet pour les journalistes locaux d’investigation, surtout que l’ordinateur de Boulanger a été dérobé par un singe… Mais n’allons pas trop vite. Car là-bas, il y a aussi le neveu de Boulanger, sûr d’être un beau gosse malgré son poil dans la main et ses manières de beauf. Et il y a aussi Marion, jeune reporter en mal d’amour. Voilà de quoi mettre le feu à la jungle, non? D’autant que le singe qui a dérobé le PC de Boulanger, eh bien, il parle, à tort et à travers…
Léon Maret est un bavard. On l’avait déjà pressenti dans Canne de fer et Lucifer, mais dans ce nouveau livre, il lâche les vannes des dialogues et récitatifs absurdes et désopilants. Peut-être un peu trop, notamment dans l’introduction, un brin poussive. Mais une fois le décor planté et les personnages présentés, la verve de Maret, soulignée par un sens aigu de la mise en scène comique (cadrages variés et efficaces, découpage rythmé, trait délicieusement élastique…), fait mouche. Chaque case, chaque bulle réserve une surprise, un mot loufoque, une idée saugrenue. On a tour à tour envie de baffer et d’embrasser ce bellâtre touchant et ce singe mythomane, cette gamine écervelée et ce journaliste arrogant. Dès lors, très vite, l’intrigue n’a plus vraiment d’importance, et l’on dévore les pages de Coco Jumbo en quête d’une nouvelle dose d’étonnement, autant visuel que narratif. Et on est pas sevré, car on est bien ici dans un gros délire savamment filé, patiemment construit. Léon Maret est un bavard, c’est vrai, mais quel conteur ou quel humoriste ne l’est pas ?
Publiez un commentaire