« L’impulsion de Mercy », la plus grande éruption solaire jamais recensée, a détruit données, technologies et couleurs. Depuis ce jour, une maladie, le « fléau ancestral », a contaminé et déformé les visages des humains. 300 ans plus tard, l’Humanité qui ne s’est pas vraiment relevée de cette grande catastrophe vit masquée et subsiste sous l’influence grandissante de l’Église d’Iodopsie. Advidya, un chercheur en énergie chromatique a découvert des propriétés énergétiques d’une valeur inestimable. Avec Covetess, il affronte quotidiennement l’Église pour qu’elle ne fasse pas main basse sur cette trouvaille et s’en serve pour étendre son autorité.

Croisant univers et esthétiques monochromatiques de Tsutomu Nihei (Blame !, Knights of Sidonia, Aposimz…), Q Hayashida (Dorohedoro…) et Tasuku Karasuma (No guns life), appuyant sur les noirs et les contrastes comme Frank Miller (Sin City, 300…) et invoquant des figures de comics comme Batman ou Les Tortues Ninja, Kent a un univers graphique très inspiré, mais aussi totalement personnel. Se détachant de ses confrères japonais, ce concept artist de 25 ans sculpte des designs de personnages remarquables (pas étonnant, il travaille pour un fabricant de figurines !). La lisibilité et l’esthétique de ses découpages et de ses scènes d’action sont bluffantes. Ses jeux avec les couleurs éparpillées au gré des chapitres et son scénario d’anticipation parfaitement exposé, sombre et violent captivent.

Après la sortie remarquée de leur tout premier titre en mai 2019, Laughter in the End of the World, les éditions Shiba confirment leur volonté de sortir des titres qualitatifs à leur propre rythme. Procurant un formidable plaisir de lecture, ce premier tome de Colorless s’impose comme l’un des récits de science-fiction les plus réussis de l’année.

COLORLESS © 2019 KENT / LEED Publishing – Traduction : Clair obscur