Colville
Dans un bled sans âme de l’Ontario, David traîne son spleen avec sa copine Tracy. Il est mouillé dans des embrouilles et la prochaine est le vol d’une moto cross pour la refourguer au plus vite. L’occasion d’empocher quelques billets, se payer l’impression de son fanzine et prendre le large. Mais évidemment, rien ne va se passer comme prévu. Car il y a Gold, violent et borné dealer d’herbe, et accessoirement proprio de la bécane. Et puis ce type bizarre qui rode, et qui traite sa femme comme une esclave, dans un jeu SM franchement glauque…
Première nouveauté du label Revival, cet album était très attendu, car précédé d’une réputation flatteuse et d’une histoire éditoriale atypique. Diffusée de manière confidentielle en 1997 puis repérée et louée sur le net, la première version de Colville de 64 pages avait braqué les projecteurs sur un auteur inconnu et doué… qui s’évapora presque immédiatement. Près de 20 ans plus tard, il réapparaît soutenu par un éditeur italien et propose une version augmentée de son oeuvre, inspirée par l’histoire d’un tueur en série canadien. La voilà. Et force est de constater que le temps n’a pas entièrement joué pour elle. En effet, l’influence cinématographique des premiers films des frères Coen ou du Twin Peaks de David Lynch est palpable, tout comme celle, côté BD, des premières oeuvres de Daniel Clowes. Un héritage classieux plutôt bien digéré, mais tout de même très présent et très marqué années 90. Ce qui fait qu’on a l’impression d’avoir déjà lu cette histoire, surtout sa première partie. La seconde moitié, très cohérente par rapport aux chapitres initiaux, est encore plus sombre et sans issue, mais laisse le même sentiment. Le récit est bien mené, les ellipses brillantes et le trait intrigant, par sa raideur étrange (influence Clowes marquée) et ses hachures maniaques et étouffantes. Une bande dessinée soignée, donc, mais qui manque un peu d’originalité dans son scénario pour concrétiser les espoirs placés en elle.
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