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Comment Bliss Comics se fait une place en France

12 octobre 2017 |

BloodshotReborn3_Cover-600x922Fallait-il être inconscient, en 2015, pour se lancer dans l’édition de comics, face aux mastodontes du secteur (Panini, Urban Comics, Glénat Comics…) ? C’est pourtant le pari un peu fou que s’est lancé Florent Degletagne avec le bien nommé Bliss Comics (bonheur en anglais), nouvel éditeur français de l’univers Valiant, abandonné par Panini après des résultats de vente décevants.

D’abord lecteur passionné de l’univers en VO, l’ex-podcaster sur Comixity apprend en septembre 2015, sur la page Facebook de Panini, que l’éditeur lâche Valiant. Il nous raconte la suite : « J’étais à un carrefour de ma vie, entre un déménagement à Bordeaux et de longues heures à échanger avec les responsables de Valiant aux États-Unis. Après mûre réflexion, je décide de tenter l’aventure avec un associé et, début novembre, Bliss était né ». Un projet évidemment enthousiasmant, risqué aussi car autofinancé à 100%.

« Nous captons un public avec de la bouteille, amateur de super-héros mais lassé des reboots. Des lecteurs qui, en somme, veulent autre chose. »

Oui mais voilà, Florent Degletagne, convaincu par les personnages de l’univers et bien conscient que Panini n’a pas fourni tous les efforts pour soutenir les sorties (petit format souple, apparence bas de gamme, prix inadapté), peaufine sa stratégie. « Pour relancer la licence, il fallait présenter de façon organique l’univers, un crossover de plein de personnages, quitte à prendre deux ans de retard sur les parutions américaines. Dans un marché en croissance de surcroît, où l’offre grandit beaucoup plus vite que la demande. » Couvs-JPEG-HARBINGER-1-600x922C’est donc un public différent qu’attire Bliss Comics aujourd’hui : « À mi-chemin entre le super-héros mainstream et l’indépendant, nous captons un public avec de la bouteille, amateur de super-héros mais lassé des reboots. Des lecteurs qui, en somme, veulent autre chose ». Et aujourd’hui, force est de reconnaître que Bliss, loin d’être un doublon, a toute sa légitimité. Mieux, il est un acteur crédible, reconnu et soutenu par les libraires.

Avec deux sorties par mois en moyenne, Bliss Comics a fait une entrée remarquée dans le secteur. Après deux ans d’existence seulement et une cinquantaine de parutions, le voilà bien lancé. Plusieurs raisons à ce succès. Pour la forme, une approche très professionnelle (une com’ léchée avec peu de moyens), des albums cartonnés aux couvertures réussies et tranches colorées, un design étudié, des prix contenus avec des campagnes de lancement à 10 € pour certains titres et une volonté d’introduire à l’univers avec beaucoup de pédagogie (voir les pages de présentation dans chaque album).

Couv_faith3_rvb70-1-600x922Côté contenu, des graphismes puissants et spectaculaires (Rai, SF « japonisante »), des ambiances fortes (Ivar, Timewalker) et des auteurs de renom en totale liberté, à l’image de Jeff Lemire sur le très bon Bloodshot Reborn : « C’est une série géniale et c’est le meilleur boulot à mon sens de Lemire, hors album indé, s’enthousiasme Florent Degletagne. Il mélange slasher, ambiance post-apocalyptique et ça ne ressemble à rien de ce qu’il fait habituellement. ». Autres coups de cœur de l’éditeur, Harbinger, histoire qui mélange héros dotés de super-pouvoirs (les psiotiques) et problèmes sociétaux très actuels (affres de la jeunesse, addictions et misère sociale). « Comme si les X-Men pouvaient aller au bout de leurs idées, avec des personnages en nuances de gris, oscillant entre erreurs et rachat. »

« Les résultats dépassent largement nos attentes. Bliss bénéficie d’un bon bouche-à-oreille. »

Mais Bliss voit encore plus loin et souhaite se tourner vers un public plus jeune et féminin. Et c’est Faith, apparue dans Harbinger, super-héroïne du quotidien aux rondeurs inhabituelles, qui symbolise le mieux cette nouvelle tendance. À l’image aussi de l’édition de Love is love (parution en novembre), album collectif en hommage aux victimes de l’attentat du Pulse en juin 2016 à Orlando, dont les bénéfices seront reversés à des associations LGBT.

Et si la tendance se confirme, Florent Degletagne ne s’interdit pas d’aller voir du côté de l’indé pur, hors univers Valiant. Mais pour le moment, il semble bien qu’une communauté Bliss prenne forme en France : « Les résultats dépassent largement les attentes, Bliss bénéficie d’un bon bouche-à-oreille et d’un joli capital sympathie. »

Chez Bliss, les bouquins donnent envie et on en a toujours pour son argent – voir les intégrales d’Harbinger et X-O Manowar à 49 € pour 800 pages ! Des débuts sous le signe du bonheur, donc.

Le site de Bliss Comics.

 

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Commentaires

  1. JDMorvan

    Bonjour, j’aime bien le travail que fait Bliss. Il me semble simplement ne jamais avoir vu de tranches colorées sur leurs livres. Des dos colorés, sans doute, en revanche. Merci. JD

  2. M. Ellis

    Bonjour JDMorvan,

    vous avez raison, un peu de rigueur ne fait pas de mal. Plutôt que de « tranches », il vaut mieux parler de « dos » en langage technique. Du noir, du blanc et une couleur discrète pour les titres…
    Merci ! Bien à vous.

  3. JDMorvan

    Yep, la tranche, c’est par définition là où le papier est tranché.
    Je me suis permis ce petit commentaire car je lis tout le temps cette confusion, et je me dis qu’un site spécialisé est le bon endroit pour faire un peu de pédagogie auprès des lecteurs :)
    Merci encore, donc.
    JD

  4. Doc Flebus

    Et pour tous les termes techniques concernant un livre, on peut aller faire un tour ici :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Reliure

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