Comment naissent les araignées
Alice veut changer de coiffure et surtout vivre sa vie de jeune adulte trop couvée par sa mère. Billie se heurte à la sienne, bigote revêche, persuadée que sa progéniture est une traînée en puissance. La mère de la clocharde Isadora, elle, est morte, après l’avoir harcelée, poussée à devenir alcoolique, à abandonner son propre enfant. Trois âmes égarées, en recherche d’un nouvel élan, d’un sens à leur vie, d’une indépendance ou d’une deuxième chance.
Comment naissent les araignées? En dévorant leur mère, peut-on lire dans l’album, un one-shot autour des relations mère-fille, et de l’importance de s’affranchir du poids des conventions et de l’autorité maternelle, avec pour illustrations des cas banals ou cliniques. Dessinatrice de Roudoudou Blues, Entre deux averses et À l’ombre des murs (chez Futuropolis, sur des scénarios d’Arnaud Le Roux), Marion Laurent s’est lancée seule dans ce récit où quatre trajectoires s’entrecroisent – il y a aussi Dwight, artiste en devenir, fâché avec son père – pour étudier quatre exemples de conflits et leurs conséquences plus ou moins dramatiques. La mise en scène est efficace, le trait est chaleureux et bien adapté au sujet, les jeux de couleurs donnent une belle personnalité au livre. Mais sa structure narrative et la réunion, forcée et improbable, de trois femmes en perdition entraînent un côté démonstratif un peu lourd et prévisible. Et cela au dépens de l’émotion, surtout quand l’auteure en rajoute sur le pathos. Dommage, tout était là, un sujet fort et un dessin accrocheur. Ne manquait qu’un scénario aux ressorts moins déjà vus.
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