Contrecoups
En décembre 1986, la France est en ébullition. A Paris, les étudiants sont dans la rue, mobilisés contre le projet de loi Devaquet. Les forces de l’ordre sont, elles, prêtes à en découdre, fermement résolues à contenir les débordements, quitte à brandir la matraque sans aucune humanité.
A petites touches, Contrecoups évoque un drame, l’assassinat par un policier de Malik Oussekine, un étudiant non politisé, qui se trouve là par hasard. Le parti-pris du scénariste Laurent-Frédéric Bollée (Terra Australis) est ambitieux : il laisse la victime de côté, ou presque, se concentrant sur différents acteurs — un étudiant amoureux et ultra-actif dans les manifestations, une médecin légiste, un haut fonctionnaire zélé, un infirmier humaniste… — dont les destins vont converger. Ce choix d’une narration chorale plombe le début de l’ouvrage ; les éléments se mettent — trop — doucement en place, et l’on peine à s’intéresser à chacun.
S’il manque un brin de didactisme (on aurait aimé un rappel du contenu du projet de loi Devaquet, pour mieux comprendre l’opposition des étudiants), Contrecoups finit toutefois par atteindre son lecteur, et l’émouvoir. Sobre et classique, le trait noir et blanc de Jeanne Puchol n’appuie pas le pathos de certaines situations. Au contraire, il dissèque finement, et tient le voyeurisme à distance. Malgré une construction un peu lourde, l’ouvrage réussit sa démonstration, pointant toute l’absurdité et la cruauté de l’assassinat d’un jeune homme ordinaire.
Publiez un commentaire